[Témoignage rapporté par Aziz Mkichri, Nadia El Yousfi, Serge Noël et Mohamed Belmaïzi, ex-membres du collectif « SOS Bel Younech »]
Le 16/02/2006
Sur fond de crise de toutes sortes au sein du Mrax, il était de notre devoir, en tant que membres adhérents ou sympathisants, et en tant qu’acteurs de la société civile, de déposer notre témoignage concernant M. Redouane Bouhlal, l’actuel président.
Nous sommes des démocrates, viscéralement attachés à la liberté, et dès l’abord, nous respectons le débat ouvert et transparent, et saluons toutes les prises de position formulées dans la clarté. C’est pourquoi nous n’agissons pas, dans ce témoignage, en tant qu’adversaires politiques de M. Bouhlal. Et nous ne sommes pas motivés par des règlements de compte détestables et nuisibles à notre intégrité morale, à notre probité intellectuelle. Nous agissons en tant qu’anciens associés de M. Redouane Bouhlal au sein du comité « SOS Bel Younech ».
Nous avons vu d’un œil intéressé l’accession de M. Bouhlal, issu d’une minorité, notamment marocaine, sur le devant de la scène dans cette association prestigieuse, imaginant qu’il allait initier un débat singulier en toute gaieté et couleurs.
Nous étions également satisfaits, lors de la constitution du collectif «SOS Bel Younech», de son adhésion à ce groupe de militants démocrates. Nous pensions qu’il allait le dynamiser, pour faire connaître la noble cause de ces damnés Subsahariens qui animent aujourd’hui notre responsabilité morale.
Mais notre désenchantement fut à la mesure de nos attentes. Car M. Redouane Bouhlal, avec un certain nombre de ses amis, abonnés notoires au cercle privé de la Représentation marocaine (consulat et ambassade), optaient résolument pour la déroute des objectifs, pourtant inscrits dans le texte de référence du collectif qui critiquait non seulement l’Etat marocain et sa piteuse gestion de ce dossier, mais aussi l’ensemble des Etats impliqués (Europe ; Espagne ; Algérie…). S’il avait été de bon ton d’utiliser les méthodes qu’il affectionne lui-même, et si le collectif s’était doté de ses statuts et d’un règlement d’ordre intérieur, leur exclusion aurait été la mieux indiquée. Mais à défaut, c’est le collectif qui a été dissout suite à l’extrême tension qu’ils y avaient installée.
Dès lors, le collectif a été muté sous la dénomination « Coordination Sos Migrants ».
Nous n’allons pas détailler, ici, la longue liste des préjudices que M. Bouhlal avait causé à notre tradition militante (récits et échanges virulents par e-mail sont à disposition). Mais il est indispensable de souligner que lorsqu’il s’était proposé pour trouver les subsides au collectif, il avait sciemment évacué la référence à «SOS Bel Younech». Reniement et monopole qui en disent long sur les subterfuges employés en vue de s’accaparer notre profond et sincère engagement, pour le châtrer des critiques sans complaisance que nous formulons vis-à-vis de l’Etat marocain sur la gestion du dossier Subsaharien. Car racisme et xénophobie il y a. Quoi qu’il en soit, la responsabilité de M. Bouhlal dans le fiasco des subsides est amplement engagée. A-t-il utilisé la tribune du Mrax pour laminer le collectif, et avec lui toute critique légitime… ?
Dans la foulée, nombre de questions méritent d’être posées. M. Bouhlal a-t-il pris à son compte la mission de bâillonner toute une tradition contestataire, ici en Belgique, en direction du régime marocain, et de nous priver de notre devoir d’accélérer l’avènement d’un véritable Etat de droit ? Sa proximité avec Azoulay, l’illustre conseiller de Hassan II, et son dévouement à la Fondation Hassan II ne l’indiquent-t-ils pas avec acuité ?
Libre à M. Bouhlal, répétons-le, d’évoluer selon ses convictions politiques et selon ses affinités. Mais à quoi bon manœuvrer derrière un ordre du jour occulte?
Libre à nous de nous maintenir fermement à une rectitude morale. Libre à nous de dénoncer toute tentative venant décapiter l’esprit vivement critique, que nous avons semé, patiemment et de haute lutte.
Serge Noël, Aziz Mkichri, Nadia El Yousfi, Mohamed Belmaïzi.