[Marie Van Keirsbilck, directrice-adjointe démissionnaire témoigne.]
C'est avec grand regret que je me replonge dans le souvenir de mes derniers mois au Mrax.
J'ai pris distance, physiquement et mentalement, je suis sortie du stress que j'y ai connu, et je n'ai aucune envie d'y repenser.
Cependant, j'apprends que cela va de mal en pis, et pour mes anciens collègues d’une part, et pour le Mrax comme institution à laquelle je crois, je vais faire cet effort.
Dans les mois qui ont suivi mon arrivée au Mrax, en remplacement du gestionnaire, il s'est avéré utile de mieux définir mon rôle. Ca a été un processus, une réflexion, menés par le CA de l'époque puis approuvés par la délégation syndicale - et via elle, par l'équipe.
Dans cette clarification, ma place était définie comme adjointe de Carole, et nous avons travaillé en tandem - avec nos spécificités mais aussi beaucoup de complémentarité et de complicité.
Dès son arrivée, Radouane a refusé de reconnaître mon rôle d'adjointe, ne m'adressant pas la parole, évitant de me laisser parler lors des réunions du conseil d'administration (je restais de longues minutes la main levée...), m'ignorant tant que possible – et ce malgré que ce rôle d’adjointe soit le résultat non de mon propre désir mais d’une décision collective, dûment actée, du précédent CA.
Peut-être que ça flattait son orgueil de ne s'adresser qu'à la directrice, et pas à son adjointe - mais c'était doublement contre-productif : d'une part, cela obligeait Carole à me 'faire rapport' de ses contacts avec Radouane; d'autre part, et surtout, ce faisant, Radouane ne prenait pas en compte la spécificité de mon travail, à savoir les questions financières et administratives. Or, à mon arrivée au Mrax en janvier 2001, l’association était en faillite. Quand Radouane est arrivé, un an et demi plus tard, la situation tant administrative que financière était stabilisée et dans une large mesure la pérennité assurée. J’apprends aujourd’hui que sous le règne du CA actuel, une grande partie de ce qui avait été péniblement gagné a été reperdu (je pense entre autres au fait d’avoir retiré le dossier de reconnaissance Education Permanente, reconnaissance qui aurait garanti des rentrées structurelles à l’association – mais qui, correspondant à la réalité, ne correspondait pas aux fantasmes du président : être une fédération. Je le regrette…
Autre chose : avant l'arrivée de Radouane, le Mrax allait bien à certains niveaux, et moins bien à d'autres. Un important travail d'analyse et d'impulsion de changements avait commencé, mené par la direction et l'administrateur-délégué (Carole, Bernard et moi), avec le soutien et la confiance du CA de l'époque; et sous la guidance d'un professionnel de l'accompagnement d'équipes.
Radouane est arrivé dans cela, comme dans le reste au Mrax, comme un éléphant sourd et aveugle dans un magasin de porcelaine. Il n'a pris aucun temps pour s'informer, pour découvrir l'histoire, le fonctionnement, "l'âme" du Mrax, il n'a pas cherché à savoir quels projets étaient en cours, quelles réflexions mûrissaient... (il faut dire qu'à la veille de son élection comme administrateur, il était tout à fait inconnu du Mrax). Il est arrivé avec des intentions, des projets, qui ne reposaient que sur des considérations personnelles... comme une des premières choses dont il a parlé, le lendemain de son élection comme président : qu'il voulait licencier deux des permanents et 'vérifier la qualité du travail' d'une troisième. Cette 'anecdote' est révélatrice du peu de respect qu'il a montré, tout au long, pour la direction, pour les processus en cours (d'évaluation, de modification de fonctions quand nécessaire...), et de manière générale pour les personnes et leur travail.
Dans ses relations avec la direction (càd avec Carole seule, comme expliqué plus haut), il n'a cessé de demander des notes. Quand on lui disait que sur le sujet, il avait reçu déjà reçu une note, il en demandait une autre - et on n'a jamais eu d'éléments indiquant qu'il avait lu celles qu'il avait reçues. Carole et moi nous sommes retrouvées avec du travail à faire, dont nous ne voyions ni le sens ni l'utilité, et avec trop peu de temps pour gérer les urgences du moment (comme le dossier de reconnaissance pour l'Education Permanente).
Enfin, pour donner une idée de comment les choses se passaient entre lui et moi... Lors d'une absence de Carole, je préparais les documents pour la publication du nouveau CA au Greffe du Tribunal de Commerce. Je lui ai montré ce que j'avais fait, et il m'a demandé d'y amener une correction qui allait à l'encontre des instructions explicites de l'employée du Greffe. J'ai refusé... et il m'a dit "Je ne vois pas pourquoi tu en fais un caca nerveux". Il m'a alors demandé de lui envoyer les documents par mail, en disant qu'il les compléterait à sa manière... (La question litigieuse était la mention ou pas du nom de Carole dans la liste des personnes assistant au Conseil d'Administration. Une question d'ego pour lui... mais encore une fois, une décision prise par le précédent CA, qui n’avait fait l’objet d’aucune remise en question par le nouveau CA, et qui a toute sa logique : la transmission de l’info de l’équipe vers le CA et inversement).
A tout moment et à tout sujet, Radouane a refusé de reconnaître la moindre expertise à quiconque, a refusé de tenir compte de la réalité dans laquelle il se plongeait (en refusant d'en entendre parler), a refusé la négociation, la réflexion collective, le travail d'équipe... Il a réduit le rôle de la directrice, et a fortiori le mien, à celui de simples exécutantes. Il a exigé de prendre la parole (en réponse aux journalistes par exemple) même si quelqu’un dans l’équipe maîtrisait le sujet mieux que lui et était parfaitement à même de le présenter convenablement.
Mon départ était prévu avant l'arrivée de Radouane à la présidence - dans le cadre d'une absence d'un an en crédit-temps. Les derniers mois ont été tellement pénibles pour moi - sans parler de l'influence que cela a eu sur ma vie privée - que pour rien au monde je ne retournerais au Mrax. Et de fait, à la fin de période de crédit-temps, j’ai choisi de démissionner, sachant que ce faisant je n’aurais pas droit au chômage. J’ai donc payé le prix de mon choix, puisque effectivement je suis restée deux mois sans emploi. Mais retourner au Mrax était trop mauvais pour moi, pour ma santé mentale, et à la fois inutile : nous avons tenté, tant que nous y étions ‘en force’, Carole et moi et les autres, d’impulser des changements et de résister à la destruction systématique de l’association, et nous n’étions arrivées qu’à nous épuiser.
Carole et moi avons tenté de protéger l'équipe tant que nous y étions. Je ne m'étonne pas qu'après notre départ, les autres aient également souffert, et que plusieurs (ceux qui ont pu trouver un autre emploi...) aient déjà quitté.
Voilà ce que j'ai à dire sur l'évolution de la vie au Mrax entre le dernier changement de présidence et mon départ, début décembre 2004.
Marie Van Keirsbilck, adjointe à la directrice au Mrax depuis janvier 2003, en crédit-temps depuis le 1er déc. 2004, et ayant démissionné le 30 novembre 2005.