vendredi, mars 10, 2006

Communiqué - Le MRAX est en danger !

En soixante ans d'existence, le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Xénophobie a acquis un droit de regard sur ce qui se passe dans les centres fermés ; il peut aujourd'hui ester en justice, se poser en expert pour ce qui concerne les matières de racisme et d'exclusion, s'inviter dans les commissions et les sphères de concertations. Le MRAX a engrangé un capital sympathie et une force symbolique hors du commun. Nous ne pouvons nous permettre de laisser aller ce formidable outil de lutte à sa perte !

Aujourd'hui le Conseil d'Administration du MRAX exclut les membres du MRAX du débat de fond sur le MRAX. C'est un comble !

Malgré les demandes répétées des membres du MRAX et de ses employés, le Conseil d'Administration n'estime pas nécessaire d'avoir un débat ouvert devant l'Assemblée Générale concernant les dernières prises de position peu démocratiques du mouvement, pas plus qu'il n'estime nécessaire de débattre de sa neutralité perdue (du fait notamment de la participation du MRAX à des actions de propagande au bénéfice des autorités marocaines) et de la gestion calamiteuse des relations de travail avec le personnel.

Au lieu de cela, le Conseil propose d'organiser le 21 avril prochain, une réunion réservée aux membres effectifs, dont serait donc exclue la majorité des membres cotisants.

Nous, membres et sympathisants du MRAX, ne pouvons accepter que les débats fondamentaux sur le fonctionnement de l'organisation aient lieu hors des instances démocratiques prévues par les statuts.

Au mépris des nombreuses interpellations systématiquement restées sans réponses, il ne nous parait pas sérieux d'encore esquiver les prises de responsabilités nécessaires pour que le MRAX puisse continuer à fonctionner en accord avec ses principes et ses objectifs sociétaux.

C'est pourquoi nous irons à cette réunion pour manifester notre solidarité totale avec les employés du MRAX, et annoncer au Conseil d'Administration que nous ne participerons pas au débat sur le fond en dehors de l'Assemblée Générale, mais que nous exigeons que cette Assemblée soit convoquée dans les plus brefs délais.

Nous estimons légitime et indispensable que les membres puissent participer à une mise au point sur les principes directeurs du MRAX, qui, aux yeux d'une partie de plus en plus importante du mouvement antiraciste, ont trop souvent été mis à mal ses derniers mois par sa direction et son Conseil d'Administration.


Pour les amis du MRAX,
Mathieu Bietlot, Souhail Chichah, Nicole Mayer, Serge Noël, Nouria Ouali, Cédric Tolley

mercredi, février 22, 2006

Appel - Sauvons le MRAX!

Le Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie, est une référence historique importante dans le combat mené contre le racisme en Belgique.

La vigueur de l’extrême droite dans notre pays atteste que ce combat est loin d’être gagné. Force nous est aussi de constater la difficulté de poser un débat serein et prospectif sur des questions de racisme dans une cacophonie où l’anathème et le procès d’intention empêchent toute possibilité de réflexion de fond. Quant à la condition de nos concitoyens nouvellement arrivés, comme de celle des personnes d’origine subsaharienne ou des Roms, pour ne citer que ces deux populations, elles font, malgré des signaux extrêmement inquiétants, l’objet d’un silence assourdissant.

Plus globalement, les défis nouveaux posés par une mondialisation qui se décline également en tentations de repli identitaire et d’établissement de forteresses divisant l’humanité entre riches et pauvres sont des vecteurs virulents de contagion du racisme et de la xénophobie.

Dans ce corps à corps contre la peur ou la haine de l’Autre, chaque pas en retrait est un pas de trop. Aujourd’hui, c’est la perte de légitimité et de crédibilité d’un symbole important de la lutte antiraciste ainsi que la dislocation d’une association plus que jamais nécessaire que nous voulons empêcher.

En effet, la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie suppose d'une association et de ses militants d'avoir des valeurs et des principes forts et dénués de toute ambiguïté, comme elle exige des positions claires et cohérentes. C'est ce qui fonde sa crédibilité. Or aujourd'hui, le MRAX ne peut plus se prévaloir d'une position forte et sans ambiguïté. De même qu'il ne souffre aucune critique, tétanisé par la peur d'écorner l'image "idéalisée et figée" de l'association alors que le MRAX est devenu un lieu de polémiques stériles et de dissensions récurrentes entre les militants antiracistes.

La gestion du MRAX, unanimement dénoncée par le personnel dans ses courriers aux membres des 6 février et 16 mars 2006, s’est notamment traduite par le départ de plus de la moitié des employés et a conduit aux premières grèves de l’histoire de l’association. Ces départs ont des effets désastreux sur l’image du MRAX ainsi que des répercussions graves sur la continuité et l’efficacité de son action.

L’absence totale de transparence autour des positions controversées de plus en plus souvent prises par la direction actuelle pose problème pour nombre de membres, sympathisants et militants antiracistes.

Ainsi en est-il, entre autres exemples, du soutien répété par le MRAX, en la personne de son président, au pouvoir non démocratique marocain, causant ainsi un préjudice grave à la neutralité et à l’indépendance de l’association. Cette situation a d'ailleurs été clairement dénoncée par de nombreux démocrates belges et marocains (1).

Par ailleurs, des acteurs associatifs et politiques d’horizon divers peuvent attester du sabotage par le président du MRAX d’initiatives en faveur des migrants subsahariens particulièrement quand celles-ci sont susceptibles d’écorner l’image du pouvoir marocain (2).

Quelles que soient les analyses et les nuances apportées par les uns et les autres sur ces questions, il convient de constater que la légitimité de la présidence actuelle, du CA et de la direction du MRAX est sérieusement remise en cause. Cette situation à elle seule suffit à nous préoccuper au plus haut point.

Nous appelons donc les militants, les membres et les sympathisants du MRAX à prendre conscience et à réagir à ce déficit de crédibilité et à la dégradation sensible de l'image de l'association ainsi que du tort considérable qui nous est fait dans notre combat commun.

Nous en appelons enfin au conseil d’administration du MRAX afin qu’il prenne ses responsabilités, et qu’il tire les conclusions du fait qu’une partie importante du mouvement antiraciste le conteste, en présentant de manière honorable et constructive sa démission.



> Mateo ALALUF (professeur ULB, membre du MRAX),
> Mohamed ALLOUCHI (animateur et comédien),
> Nicolas ANCION (écrivain),
> Ali BAYAR (Professeur ULB),
> Guy BADOUX (Coordination SOS Migrants),
> Joëlle BAUMERDER (dir. Maison du Livre, membre du MRAX)
> Marie-Noëlle BEAUCHESNE (sociologue, membre du MRAX),
> Mustapha BENTALEB (militant associatif),
> Marie-Carmen BEX (membre du MRAX, commissaire aux comptes),
> Mathieu BIETLOT (chercheur ULB et membre du MRAX)
> Irma BOZZO (assistante sociale, ex-administratrice du MRAX)
> Isabelle CARLES (juriste, membre du MRAX),
> Karim CHERRADI (ex-employé, membre du MRAX),
> Souhail CHICHAH (chercheur ULB, membre du MRAX),
> Laure de HESSELLE (journaliste),
> Céline DELFORGE (Parlement bruxellois),
> Thierry DELFORGE (radio Air Libre),
> Stéphanie DEMOULIN (chercheuse psychologie sociale UCL),
> Anne-Marie DIEU (Chargée de recherche EGID - Etudes sur le genre et la diversité en gestion, HEC-ULG)
> Josy DUBIE (sénateur, membre du MRAX),
> Pierre ERGO (journaliste à l'Association européenne pour l'information sur le développement local),
> Fanny FILOSOF, membre du Colfen (collectif femmes en noir contre les centres fermés et les expulsions)
> Pascale FONTENEAU (écrivain),
> Laïla FOULON (coordinatrice artistique Zinneke Parade),
> Carole GRANDJEAN (ex-directrice, membre du MRAX),
> Pierre GALAND (sénateur),
> Marianne GRATIA (ex-employée, membre du MRAX),
> Bernard HENGCHEN (prof. à l'Institut Cardijn, administrateur du MRAX)
> David JAMAR (chercheur sociologie ULB),
> Richard KALISCZ (metteur en scène, professeur à l’INSAS et membre démissionnaire du MRAX),
> Shanan KHAIRI (historien, interne en médecine)
> Linda LEWKOWICZ (auteure),
> Henri LIEBERMANN (membre du MRAX),
> Arnaud LIEGEOIS (Chercheur psychologie sociale, UCL)
> Pierre LORQUET (auteur, membre du MRAX),
> Xavier LÖWENTHAL (éditeur, La Cinquième Couche éd.)
> Nicole MAYER (sociologue, membre du MRAX),
> Claude MERTENS (fonctionnaire),
> Aziz MKICHRI (S.O.S. Migrants),
> Anne MORELLI (historienne, membre du MRAX),
> Serge NOËL (écrivain, S.O.S. Migrants),
> Nouria OUALI (chercheuse ULB, membre du MRAX),
> Claire PAHAUT(Démocratie ou barbarie),
> Pierre-Arnaud PERROUTY (ex-employé, membre du MRAX),
> Julien PIERET (juriste, chercheur ULB)
> Marcel POZNANSKI (acteur associatif Matonge),
> Andrea REA (professeur ULB, membre du MRAX),
> Eric REMACLE (professeur ULB),
> Isabelle RORIVE (chargée de cours ULB, membre du MRAX),
> Sylvie SOMEN (dir. Théâtre Varia),
> Jean-Philippe SCHREIBER (prof ULB, membre du MRAX),
> Isabelle STENGERS (philosophe, prof. à l'ULB)
> Lise THIRY (professeure émérite ULB),
> Cedric TOLLEY(chercheur ULB, membre du MRAX),
> Marie Van KEIRSBILCK (ex-employée, membre du MRAX)




(1) Voir notamment ci-dessous la lettre ouverte adressée aux membres et sympathisants du MRAX par N. Ouali et S. Chichah, chercheurs à l’ULB.
(2) Voir notamment ci-dessous les témoignages de membres fondateurs du collectif S.O.S. Ben Younech.

Communiqué de presse : Le MRAX en grève!

Bruxelles, le 11 avril 2006

Communiqué de presse : Le MRAX en grève!
Ce mercredi 12 avril 2006.


Depuis plusieurs années, les travailleurs du Mrax expriment régulièrement leur malaise concernant la gestion du personnel. Jusqu’à présent, les problèmes rencontrés avaient pu se régler en interne. Mais depuis l’entrée en fonction du nouveau conseil d’administration, ces difficultés ont pris d’autres proportions.

Ce mercredi 12 avril 2006, les employés du Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie, direction exceptée, entameront une troisième journée de grève pour protester contre le licenciement abusif de leur collègue Luc Malghem et dénoncer une accumulation de dérives et de dysfonctionnements de nature à mettre en péril le devenir même de l’association.

Nous dénonçons entre autres :

- un manque de transparence dans la prise de décisions (le personnel apprend parfois des prises de position via la presse),

- nous ne sommes pas au courant de vision à long terme des projets portés par le MRAX et de la politique du mouvement,

- une disparition progressive de véritables débats,

- un détournement systématique de plusieurs dispositions essentielles du règlement d’ordre intérieur voté en octobre 2006 et de plusieurs dispositions légales (ex : le personnel devrait être consulté avant prises de position),

- un manque d’éthique tant en interne que dans nos relations avec les partenaires extérieurs.

Depuis trois mois, nous procédons régulièrement à des actions syndicales. Nous n’avons pas souhaité les médiatiser pour ne pas nuire à la réussite de la Semaine d’actions contre le racisme. Nous nous figurions que ces actions seraient suffisamment symboliques pour entraîner une prise de responsabilité du conseil d’administration : en quarante ans d’existence, le MRAX n’avait jamais connu la moindre grève !

Aujourd’hui, malgré la multiplication des actions, des manifestations de soutien de plus en plus nombreuses de membres et de sympathisants, notre mobilisation n’a donné lieu qu’à l’une ou l’autre mesure de pure façade[1] et à des réactions répressives de la part du président et de la direction : décrédibilisation, tentatives de culpabilisation, menaces de licenciement collectif pour fautes graves et finalement sanctions disciplinaires disproportionnées (avertissement avant licenciement) et illégales, adressées à tous les employés ayant participé à une action syndicale.

Devant ce déni des droits syndicaux, ainsi que le refus du conseil d’administration d’assumer ses responsabilités, nous avons été forcés de poursuivre et de médiatiser notre mobilisation. La prochaine action prendra la forme d’une nouvelle journée de grève organisée ce mercredi 12 avril. Nous invitons vivement les journalistes désireux de mieux comprendre notre position à venir nous rencontrer dans les locaux du MRAX ce mercredi entre 10h et 17h.

Nos critiques doivent être situés dans le cadre d’une évolution plus globale. Depuis de nombreux mois, nous sommes confrontés à une fonctionnarisation de notre travail, à une réduction de notre rôle à celui de simple exécutant, au mieux, de membre d’un cabinet ministériel. Nous dénonçons également la primauté donnée à l’omniprésence médiatique au détriment de l’analyse et de la réflexion, dans une communication en rupture totale avec le travail de l’association. Nous ne pouvons cautionner ces dérives : le MRAX doit rester plus que jamais un mouvement militant.

Nous rappelons aussi notre soutien aux démarches et actions entamées par notre collègue Luc Malghem. Son licenciement est la conséquence de pratiques que nous dénonçons aujourd’hui à notre tour. Ces pratiques n’ont pas pris fin avec son départ, au contraire. Nous exigeons sa réintégration, tout comme nous avons soutenu ses plaintes pour harcèlement moral.

Nous revendiquons en outre :

-la fin des prises à partie,

-une application respectueuse des procédures de consultation de l’équipe,

-la réinstauration d’un climat de confiance et de réels espaces de débat.

En vous en remerciant d’avance,



Pour les employés du MRAX (hormis la direction),
La délégation syndicale.




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[1] Soit une rencontre du C.A. et des membres effectifs programmée le 21 avril. Le principal objectif de cette initiative nous semble être d’empêcher toute possibilité pour les membres cotisants d’exprimer leurs griefs et de court-circuiter l’assemblée générale, seule instance légitime à même de permettre la prise de décisions concrètes.

Père Samuel vs R. Bouhlal - Le président du MRAX rompt le cordon médiatique

[Quand la recherche du coup médiatique participe de la propagation de la parole haineuse envers l’Islam et les Musulmans, ou comment favoriser ce qu’on prétend combattre…]

Le 5 mars, Radouane Bouhlal accepte l’invitation de Pascal Vrebos à débattre avec le sulfureux Père Samuel sur le plateau de Controverse (RTL). Incohérence totale dans le chef du président du MRAX, qui récemment n’hésitait pas à saisir d’initiative tout l’establishment marocain pour dénoncer les demandes de débat d’un De Winter en tournée au Maghreb, et qui, lui-même, à la première occasion, n’éprouve aucun problème à se précipiter sur un plateau télévisé pour servir de faire-valoir à un prêtre auto-déclaré islamophobe - et poursuivi pour incitation à la haine raciale (1). Incohérence totale ou calcul de pompier boute-feu en mal de pub ? Toujours est-il que l'on comprend mal comment le président Bouhlal a reçu l'aval du CA du MRAX pour participer ainsi activement à la rupture du cordon médiatique en Communauté française...



(1) Plainte déposée par le Centre pour l'Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme, dont les responsables auront, eux, le bon goût de décliner l'invitation au débat spectacle du dimanche midi...

Grève au MRAX

[Suite au licenciement d’un travailleur du MRAX, les employés décident de faire grève, pour la première fois dans l’histoire de l’association, réclamant sa réintégration, et dénonçant les modes de fonctionnement interne.]

Bruxelles, le 6 fevrier 2006.

Chers membres,

Ce lundi 6 février, les employés du MRAX ont procèdé à un arrêt de travail symbolique entre 14h et 15h. Dans le même temps, un préavis de grève a été déposé en vue d'organiser une journée d'action collective le mercredi 22 février. Ces actions bénéficient de la participation ou du soutien de 1'ensemble des permanents, direction exceptée. Notre décision a été mûrement réfléchie et ne fut pas facile à prendre. Elle reflète le sentiment d'avoir épuisé tous les moyens de médiation sans jamais avoir reçu de réponse satisfaisante ou même de signal positif. Nous avons en effet misé sur le dialogue et tenté de travailler en bonne collaboration mais la crise perdure. Toutefois, soucieux de ne pas paralyser le fonctionnement du mouvement, qui plus est à quelques semaines à peine de l'important rendez-vous de la Semaine d'Actions Centre le Racisme, nous avons privilégie une action symbolique d'une journée.

Les raisons de notre action sont multiples et ont, pour la plupart, déjà été exprimées dans de nombreux courriers interpellant le conseil d'administration (envoyés à l'initiative de 1'equipe, de la délégation syndicale ou d'employés a titre personnel). Elles peuvent être synthétisées comme suit:

1) Nous sommes consternés par le licenciement de Luc Malghem ayant pris effet ce 31 janvier. Nous constatons que les faits et comportements dont celui-ci a fait état à de multiples reprises n'ont jamais été pris en considération par le conseil d'administration. Jamais ses interrogations - partagées par nombre d'entre nous - n'ont reçu une réponse sur le fond. Le licenciement confirme cette volonté de nier les problèmes plutôt que d'y faire face. Un licenciement, tout comme de nouvelles démissions, ne résoudra en rien la crise que le MRAX traverse. Nous en voulons pour preuve que l'arrivée de sept employés dans le courant de 1'annee écoulée n'a pas conduit à un apaisement des tensions, loin s'en faut. Cette donnée permet de relativiser sérieusement les accusations de « résistance au changement» qui ont pu être portées a l'encontre de 1'équipe. Elle confirme également que les difficultés ne peuvent être réduites à un simple conflit de personnes.

2) En apprenant cette décision, les permanents ont une fois de plus - et de manière collective - interpellé le conseil d'administration. La réponse qui nous est parvenue met en exergue des critiques maintes fois formulées. D'une part, il nous a été répondu que le licenciement de Luc Malghem avait été décide lors du CA du 20 décembre 2005 (renvoi au PV a 1'appui) et que notre interpellation reposait des lors sur des prémisses erronées. Or, nous n'avons jamais pu lire le PV dont question! L’aspect involontairement humoristique de cette réponse élusive n'échappe è personne, l'accès aux PV du CA et du Bureau constituant précisément une revendication de longue date. D'autre part, la remise en cause de la légitimité de notre interpellation (« Il convient de préciser, par honnêteté, l'identité des membres du personnel qui signent la lettre en question, pour ne pas y impliquer ceux qui n'en sont pas solidaires ») se fait l'echo d'une stratégie dénoncée dans un courrier rédigé par 1'equipe voilà plus d'un an : « ce n'est pas en générant des conflits, en tentant de diviser ou d 'opposer les permanents entre eux ou les permanents au CA, en monopolisant l'information, pour ensuite répandre des informations manifestement fausses, qu 'une dynamique permettant de mener à bien le programme du MRAX deviendra possible »

3) Malgré 1'adoption d'un R.O.I., le mode de fonctionnement de 1'association ne nous parait pas satisfaisant. On a pu penser et dire, au début de la crise, que les prises de position du MRAX ne reflétaient qu'imparfaitement les échanges et débats internes. Ce n'est plus le cas aujourd'hui: ces débats et échanges tendent à disparaître, plus par lassitude que par désintérêt. En effet, hormis dans le cadre des commissions de réflexion instaurées suite à la dernière AG (commissions extrêmement peu fréquentées), les discussions de fond se font rares dans les locaux du MRAX. II est par exemple symptomatique que les employés prennent parfois connaissance des prises de position de 1'association à la lecture des quotidiens... L'hyperactivité médiatique développée au cours du second semestre 2005 ne peut occulter cette absence de réflexion et de vision a long terme.

En posant ce constat, nous ne remettons nullement en cause le pouvoir de décision conféré à des organes définis. Nous soulignons simplement que, dans une association largement fondée sur 1'engagement du personnel, un tel mode de fonctionnement ne permet nullement de refléter les passionnants débats animant le milieu de 1'anti-racisme et ne peut que nuire à notre motivation et à notre efficacité.

4) Nous déplorons également l'aggravation des mauvaises relations entre l’équipe et la direction au sens large. Sans rentrer dans les détails et exemples illustrant cette tendance, force est de constater que nous sommes nombreux à nous inquiéter des modes de gestion actuels et à ressentir une perte de confiance mutuelle. Refusant de sombrer dans le conflit personnalisé, nous sommes disposes à travailler à la recherche collective de solutions qui permettront à la direction d'être, au-delà d'un ensemble de personnes qui dirigent, un organe qui amène les projets, les coordonne et insuffle un esprit au MRAX.

Début 2005, nous posions comme constat que certains employés étaient « démotivés par les conditions de travail et les perspectives, ne se sentant ni entendus, ni compris, ni vraiment respectés ». Un an plus tard, certains sont partis et d'autres les ont remplacés mais le constat demeure valable. Suite à nos interpellations de l’époque, une rencontre réunissant CA et employés avait été organisée. Ces échanges, qualifiés par le conseil d'administration de francs et muscles avaient permis d'ébaucher quelques pistes susceptibles de répondre au mal-être exprimé. II n'en a malheureusement rien été.

Parmi les solutions évoquées, le Conseil d'administration exprimait le souhait qu'un permanent soit présent à ses réunions. Alors que cette faculté nous parait essentielle afin de renouer un dialogue et de retrouver un peu de confiance mutuelle, particulièrement au cours d'une période aussi sensible que celle que nous traversons, elle nous a été retirée sans explication ces derniers temps(l’interpellation du CA par la délégation syndicale qui s'en est suivie, le 24 décembre est restée sans réponse à ce jour).

Suite à cette même rencontre, le conseil d'administration décidait d'engager un débat « plus large encore » sur toutes les thématiques de fond qui occupent l’association et promettait une meilleure circulation de l’information, via notamment la mise à disposition rapide des procès-verbaux. On sait ce qu'il est advenu de ces déclarations d'intention.

Un autre souhait du conseil d'administration mérite que l’on s'y attarde quelque peu : la réalisation d'une analyse institutionnelle. Refusée dans un premier temps par une partie de l’équipe, cette proposition a été votée par l’assemblée générale le 8 octobre dernier. L'équipe, qui n'a plus été consultée sur la question depuis lors, accueille favorablement cette décision. Nous sommes conscients que le mouvement a, de tous temps, été traverse par des turbulences internes (quelle association peut se targuer de fonctionner sans conflits, a fortiori travaillant sur un sujet aussi sensible ?). Nous sommes des lors convaincus qu'une analyse institutionnelle peut lui être bénéfique. Néanmoins, nous réaffirmons que cette solution n'est que partielle et ne peut conduire à occulter des difficultés conjoncturelles indissociables d'un contexte particulier.

En conclusion, et plus que jamais désireux de travailler, dans le respect mutuel et en bonne intelligence, aux objectifs que nous partageons tous, nous revendiquons :

- une remise en question profonde et réelle de la situation par les organes décisionnels : quand, malgré le départ des 'fauteurs de troubles', 'manipulateurs' et autres 'conspirateurs', le malaise persiste, il convient de s'interroger sur ses sources véritables.

- l’élaboration de propositions concrètes relatives aux méthodes de travail, à 1'organisation de 1'equipe et à la gestion du personnel, de manière à utiliser au mieux le potentiel de 1'equipe et à servir les objectifs du mouvement. La rencontre CA/permanents organisée en mars 2005 et les suites qui lui ont été données constituent, à cet égard, un parfait contre-exemple de nos attentes.

- la réintégration de Luc Malghem.

Nous nous mettons bien volontiers à la disposition de tout membre qui souhaiterait engager le dialogue ou s'atteler à la recherche de solutions constructives. Plus encore, nous vous encourageons à effectuer ces démarches. Nous attendons également de votre part, suite à cette interpellation, une prise de responsabilité concrète.
En vous remerciant de 1'attention portée à ce courrier et à notre action, nous vous prions d'agréer, chers membres, 1'expression de nos salutations les plus sincères.

L'Equipe des permanents

Sabordage du collectif « SOS Bel Younech »

[Témoignage rapporté par Aziz Mkichri, Nadia El Yousfi, Serge Noël et Mohamed Belmaïzi, ex-membres du collectif « SOS Bel Younech »]

Le 16/02/2006

Sur fond de crise de toutes sortes au sein du Mrax, il était de notre devoir, en tant que membres adhérents ou sympathisants, et en tant qu’acteurs de la société civile, de déposer notre témoignage concernant M. Redouane Bouhlal, l’actuel président.

Nous sommes des démocrates, viscéralement attachés à la liberté, et dès l’abord, nous respectons le débat ouvert et transparent, et saluons toutes les prises de position formulées dans la clarté. C’est pourquoi nous n’agissons pas, dans ce témoignage, en tant qu’adversaires politiques de M. Bouhlal. Et nous ne sommes pas motivés par des règlements de compte détestables et nuisibles à notre intégrité morale, à notre probité intellectuelle. Nous agissons en tant qu’anciens associés de M. Redouane Bouhlal au sein du comité « SOS Bel Younech ».

Nous avons vu d’un œil intéressé l’accession de M. Bouhlal, issu d’une minorité, notamment marocaine, sur le devant de la scène dans cette association prestigieuse, imaginant qu’il allait initier un débat singulier en toute gaieté et couleurs.

Nous étions également satisfaits, lors de la constitution du collectif «SOS Bel Younech», de son adhésion à ce groupe de militants démocrates. Nous pensions qu’il allait le dynamiser, pour faire connaître la noble cause de ces damnés Subsahariens qui animent aujourd’hui notre responsabilité morale.

Mais notre désenchantement fut à la mesure de nos attentes. Car M. Redouane Bouhlal, avec un certain nombre de ses amis, abonnés notoires au cercle privé de la Représentation marocaine (consulat et ambassade), optaient résolument pour la déroute des objectifs, pourtant inscrits dans le texte de référence du collectif qui critiquait non seulement l’Etat marocain et sa piteuse gestion de ce dossier, mais aussi l’ensemble des Etats impliqués (Europe ; Espagne ; Algérie…). S’il avait été de bon ton d’utiliser les méthodes qu’il affectionne lui-même, et si le collectif s’était doté de ses statuts et d’un règlement d’ordre intérieur, leur exclusion aurait été la mieux indiquée. Mais à défaut, c’est le collectif qui a été dissout suite à l’extrême tension qu’ils y avaient installée.

Dès lors, le collectif a été muté sous la dénomination « Coordination Sos Migrants ».

Nous n’allons pas détailler, ici, la longue liste des préjudices que M. Bouhlal avait causé à notre tradition militante (récits et échanges virulents par e-mail sont à disposition). Mais il est indispensable de souligner que lorsqu’il s’était proposé pour trouver les subsides au collectif, il avait sciemment évacué la référence à «SOS Bel Younech». Reniement et monopole qui en disent long sur les subterfuges employés en vue de s’accaparer notre profond et sincère engagement, pour le châtrer des critiques sans complaisance que nous formulons vis-à-vis de l’Etat marocain sur la gestion du dossier Subsaharien. Car racisme et xénophobie il y a. Quoi qu’il en soit, la responsabilité de M. Bouhlal dans le fiasco des subsides est amplement engagée. A-t-il utilisé la tribune du Mrax pour laminer le collectif, et avec lui toute critique légitime… ?

Dans la foulée, nombre de questions méritent d’être posées. M. Bouhlal a-t-il pris à son compte la mission de bâillonner toute une tradition contestataire, ici en Belgique, en direction du régime marocain, et de nous priver de notre devoir d’accélérer l’avènement d’un véritable Etat de droit ? Sa proximité avec Azoulay, l’illustre conseiller de Hassan II, et son dévouement à la Fondation Hassan II ne l’indiquent-t-ils pas avec acuité ?

Libre à M. Bouhlal, répétons-le, d’évoluer selon ses convictions politiques et selon ses affinités. Mais à quoi bon manœuvrer derrière un ordre du jour occulte?

Libre à nous de nous maintenir fermement à une rectitude morale. Libre à nous de dénoncer toute tentative venant décapiter l’esprit vivement critique, que nous avons semé, patiemment et de haute lutte.

Serge Noël, Aziz Mkichri, Nadia El Yousfi, Mohamed Belmaïzi.

Une délégation de très haut niveau

Du 25 au 29 septembre 2005, visite à Laâyoune (Maroc) d'une "délégation" belge composée de parlementaires et de représentants de la société civile, dont le président du... MRAX.

Décidément hyperactif et sur tous les fronts, le président du Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Xénophobie: le voilà maintenant qui participe à un voyage de lobbying au Maroc, en faveur d'un Sahara occidental marocain...

La délégation belge y rencontrera notamment des "repentis" du front Polisario, qui expliqueront être arrivés à la conviction que leur place est au Maroc. Leurs collègues emprisonnés et torturés apprécieront...

L'objectif du voyage en terme de propagande est double: tenter de convaincre des responsables politiques belges de défendre l'idée d'un Sahara occidental marocain, alors que de plus en plus de pays reconnaissent l'indépendance du RASD ; et donner à croire à l'opinion publique marocaine que ces dits responsables se sont clairement positionnées en faveur d'un Sahara occupé.

Deux questions... Qui payait ce voyage? Et les administrateurs et les membres du MRAX étaient-ils au courant de cette extension particulière de la mission de l'association, par l'entremise de son président?

(d'après MAP, 29/09/2005)

Lettre ouverte aux membres et sympathisants du MRAX

Madame, Monsieur,

Le 7 décembre 2005 nous avions envoyé un courrier au CA du MRAX afin de porter à sa connaissance des faits mettant gravement en danger l'indépendance et la crédibilité du MRAX.

A notre grande surprise, la réponse du CA à notre courrier, incohérente et violant le principe d'indépendance dont l'association se prévaut, non seulement cautionne les faits dénoncés mais, de surcroit, confirme, à notre grand effroi, les dérives constatées.

Nous portons à la connaissance des membres et symphatisants du MRAX, les griefs suivants à l'encontre du CA du MRAX:

- la poursuite d'un objectif non prévu par les statuts du MRAX;
- des prises de position politique au bénéfice clair des autorités marocaines;
- l'obstruction à une démarche collective interpellant les autorités marocaines;
- le relais d'une information mensongère au bénéfice des autorités marocaines;
- la transmission au secrétaire général du ministère marocain de la Communication (généralement qualifié, dans les pays non démocratiques, de ministère de la propagande) de la liste des membres et sympathisants du MRAX invités à l'occasion de la conférence de presse du MRAX du 1er décembre 2005
- la tribune offerte aux autorités marocaines par le MRAX lors de cette conférence de presse ainsi que la confusion qui y a régné sur les objectifs;
- la promotion comme «acteur et leader d'opinion de la communauté marocaine de Belgique» des autorités consulaires et de la fondation Hassan II;
- la manipulation manifeste du procès-verbal du CA du 20 décembre 2005 dans le sens des intérêts du président
- la diffusion d'une prise de position erronément présentée comme émanant de la dernière réunion du CA (20 décembre 2005) aux membres et sympathisants du MRAX
- la publicité, par le CA, d'une position politique personnelle du président relative au régime marocain, largement diffusée dans un document officiel du MRAX, au Maroc et en Belgique
- la publicité, par le CA, de l'expression du "patriotisme marocain" de son président, largement diffusée dans un document officiel du MRAX, au Maroc et en Belgique

Tous ces griefs sont longuement développés dans notre réponse à la lettre du CA du 22/12/05, ci-jointe. Celle-ci est directement intégrée dans le courrier du MRAX en couleur bleue sur fond gris alors que le texte d'origine est en noir et en italique.

Nous tenons à préciser que ces faits doivent s'interpréter, sans procès d'intention aucun, dans le contexte:

- dans la course à la cooptation en Belgique pour le Conseil supérieur de la Communauté marocaine à l'étranger placé sous la présidence du Roi Mohamed VI
- de la position d'isolement du Maroc sur le plan international sur la question du Sahara occidental
- du procès actuel de la répression du peuple marocain sous le règne de Hassan II, repression à laquelle les autorités consulaires et les amicales marocaines ont largement contribué dans les pays d'immigration, en Belgique en particulier.

Par ce courriel, étant donné les actes graves qui ont été posés en leur nom, nous voulons mettre les membres et les sympathisants du MRAX face à leur responsabilité.

Nous estimons que ces faits sont d'une gravité telle que seule la révocation ou la démission du CA sera de nature à restaurer la crédibilité et l'indépendance du MRAX.

La balle est dès lors dans le camp de celles et ceux qui souhaitent un MRAX indépendant de tout pouvoir politique, a fortiori non démocratique, et fonctionnant sur des principes de transparence et de démocratie interne.

Nous vous prions d'agréer, Madame, Monsieur, nos voeux les plus sincères pour l'année 2006

Nouria Ouali, Souhail Chichah
Chercheurs à l'ULB
Membres du MRAX



[Télécharger la fort édifiante lettre en question récupérée et publiée sur le site de... Georges-Pierre Tonnelier, ex-assistant parlementaire Front National en procès avec le MRAX - ou quand les errements d'un CA irresponsable servent les discours de l'ultra-droite.]

Comment on discrédite

[... ceux qui protestent e. a. contre l'instrumentalisation à outrance du concept d'islamophobie, et la sous-traitance de l'état marocain dans les gestion des flux migratoires...]

Lundi 26/12/2005, Un_mail_très_intrigant...

Bonjour,

Depuis la création du Collectif Bel Younech, au mois de mai passé, en réaction à la répression dont sont victimes les migrants subsahariens au Maroc, un débat vigoureux oppose les initiateurs de ce collectif,et dans un deuxième temps de son élargissement à travers la "Coordination SOS Migrants", et certains tenants d'une vision makhzénienne des choses. Ce débat s'exprime depuis quelques temps dans le cadre du Forum du MRAX.

Tous les coups semblent permis, vous allez vous en rendre compte.
Utilisant, hors de son contexte, évidemment, un poème que j'ai écrit pour dénoncer la collusion des réactions religieuses contre le droit d'adoption des gays en Belgique, un de nos contradicteurs, sur les sites du MRAX et de Wafin, parle à propos de ce texte, de "haine anti musulmane", et me renseigne à la vindicte publique dans un bel effort de "dénonciation citoyenne".

Or, au même moment, un ami de Tanger, militant des droits de l'homme, reçoit dans sa boîte mail, outre la reproduction du même poème, ce qui constitue une coincidence intéressante, le texte suivant:

"Bonjour,

J'ai appris que Monsieur Noël venait au Maroc avec de jeunes marocains de Bruxelles pour un projet d'échange avec les enfants de la rue de Tanger. Ce monsieur est dangereux, il hait le Maroc, les Marocains, l'islam. Voici un texte qu'il a écrit sur l'islam et son amour d'un Marocain du bled. Il est aussi un acharné anti-roi du Maroc.

Il manipule les jeunes des quartiers, mais il leur monte la tête, c'est honteux et en plus vous l'acceuillez et vous lui faites la pub alors qu'il continue à nous mépriser et à nous cracher dessus.

S'il va au Maroc, c'est pour son amoureux, il sait que Tanger c'est le centre de la prostitution des homos dans l'Afrique et même le monde.Faites atention et ne laissez pas nos enfants avedc ce pervers qui a avec un autre de ses amis homos tourné des films pornos avec des jeunes hommes pour soit disant leur émancipation et leur apprendre l'homosexualité.

Je suis dégoûté que vous donniez autant de crédit à un raciste qui hait l'islam mais qui va vous pondre des mots mielleux pour vous embobiner. Lisez ce qui suit et faites votre opinion.

STOP A LA PROSTITUTION MAROCAINE POUR LES PERVERS D'EUROPE."


Voilà. Suit le poème incriminé, que vous pourrez trouver par ailleurs sur le forum du MRAX et le site de Wafin, pil poil au même moment, grâce aux bons soins d'un de nos contradicteurs. (..)

Je suis actuellement à Tanger, avec 25 jeunes et encadrants de l'association "Interpôle", d'origines marocaine, belge et turque, qui rencontrent une quarantaine de jeunes tangérois, non pas enfants des rues mais membres de diverses associations partenaires, pour des ateliers de vidéo, de théâtre et de musique sur le thème des enfants des rues, des débats, des visites d'associations...

Le mail dont je vous parle a été envoyé à une adresse marocaine, et sans doute à d'autres. On y trouve le très ancien amalgame entre "homos", "prostitution", "porno" et "manipulation de jeunes gens". Au Maroc, l'homosexualité est punissable de 5 ans de prison. L'expéditeur, pas encore identifié, le sait.

L' "amoureux du bled", lui, est à Bruxelles. Et nous allons nous marier, conformément à la loi belge.

Tout ceci a donc commencé autour de la question des subsahariens qui sont victimes de la répression au Maroc. D'autres enjeux, notamment autour du MRAX se jouent à travers cette question.

Ici, au Maroc, on a tendance à ne plus s'émouvoir des manoeuvres nauséeuses dont certains zélateurs très obtus du makhzen sont capables pour salir ses adversaires. Chez nous, en Belgique, lorsque nous nous engageons corps et âme dans des combats pour les droits, dans des débats, nous avons peut-être du mal à nous imaginer ce genre de chose possible.

Dans l'immédiat, et pour ce que j'en sais, ce mail est une manoeuvre aux petits pieds, qui pue, certes, mais ne tue pas.

Pour votre information, donc, et à suivre, comme dit l'autre, qui sait?

Serge Noël



[Cette manoeuvre "à la fois écoeurante et dérisoire" fera l'objet du texte de protestation suivant, cosigné par des responsables associatifs marocains, qui dénoncent le rôle joué par "certains intellectuels et prétendus faiseurs d'opinion dans la communauté belge d'origine marocaine" dans l'étouffement de toute critique visant le pouvoir marocain.]

Au Maroc comme en Belgique...
Des valeurs et des débats universels.


Un débat agite une partie de la communauté des belges d'origine marocaine aujourd'hui. Peut-on critiquer l'Etat marocain, peut-on dénoncer des situations comme celle de la répression des migrants subsahariens au Maroc, et les encouragements répétés à la xénophobie et à l'égoïsme national émanant d'une certaine presse et du pouvoir ? Peut-on attirer l'attention sur le fait que ces pratiques et ces propos sont proches de ceux de l'extrême-droite européenne ? Peut-on pointer du doigt cette xénophobie latente contre les Noirs Africains, aujourd'hui réchauffée par les tenants d'une politique sécuritaire et répressive impulsée par l'Europe au Maroc ? Peut-on défendre les droits humains, s'élever contre les abus de pouvoir qui sont encore la règle ? Peut-on attirer l'attention sur le caractère extrêmement fragile et ambigu d'un processus de démocratisation et d'établissement de l'état de droit présenté comme un bon plaisir du prince en cadeau à son peuple de sujets obéissants ? Peut-on revendiquer un statut de citoyens plein et entier, en toute liberté et en toute indépendance vis-à-vis du pouvoir ? Peut-on rappeler que deux Maroc, deux " patriotismes " s'affrontent depuis toujours, depuis bien avant l'indépendance : celui du Makhzen, appareil de pouvoir et de contrôle de la société, de nature quasi féodale, au service de clans privilégiés qui considèrent le Maroc comme leur propriété, et celui des citoyens, de leurs associations, de leurs partis et de leurs syndicats, qui ont lutté pour l'indépendance et résisté contre la dictature ?

Peut-on faire tout cela sans être accusé de comploter contre le Maroc, d'être raciste anti-marocain, d'avoir des comptes personnels à régler avec le Maroc ?

Apparemment, pour certains "intellectuels" et prétendus faiseurs d'opinion dans la communauté belge d'origine marocaine, la réponse est non. Ils veillent, sentinelles de l'honneur et de l'intégrité marocaine, et répandent la terreur contre tous ceux qui voudraient exercer leur devoir critique et défendre, pour le Maroc, comme pour la Belgique et ailleurs, les valeurs élémentaires des droits de l'homme. Beaucoup de démocrates et de militants anti-racistes en Belgique se sentent intimidés par ces manœuvres. Ils n'osent pas exprimer franchement leurs opinions, de peur d'être fourrés dans le sac des crypto-racistes et anti-marocains de base. D'autres pensent secrètement que les questions des droits de l'homme sont traitées autrement entre arabo-musulmans, qu'il s'agit peut-être d'un legs imposé par l'Occident, qu'il faut laisser les Marocains régler ces affaires entre eux.

Pour nous, militants et responsables associatifs et des droits de l'homme, Marocains au Maroc, il existe une culture mondiale commune : celle des droits humains, celle des instruments, conventions et déclarations des droits humains, qui sont le bien de toute l'humanité, qui méritent d'être défendus par-delà les frontières et les différences culturelles. Qui ont du reste été construits par l'histoire de toute l'humanité, dont celle de l'islam, religion de tolérance et d'ouverture pendant des siècles, et qui doit aujourd'hui retrouver le débat et la contradiction libres. Nous sommes aux premières loges de cette bataille, ici, dans notre pays, le Maroc, lorsque l'Etat mène des campagnes violentes de répression contre des civils innocents sous prétexte qu'ils sont Noirs, qu'ils " envahissent " le Maroc, alors qu'ils représentent moins de 0,5% de la population. Lorsque des journaux et des représentants du pouvoir se permettent de parler de " crickets noirs ", d' " invasion ", de " bandes militairement organisées ", de " réseaux manipulés par l'Algérie ", etc, etc… Lorsqu'une xénophobie quotidienne et certes moins spectaculaire inflige à ces innocents qui ne cherchaient qu'un avenir meilleur et paisible, des discriminations, des injures, des agressions largement impunies. Ces faits sont graves et menacent les fragiles avancées d'un état de droit chez nous. Les dénoncer, et dénoncer l'attitude sécuritaire et inhumaine des autorités marocaines, à la solde d'une politique européenne tout aussi inhumaine, est légitime et nécessaire, ici au Maroc comme en Belgique et ailleurs. De même, dénoncer les atteintes à la liberté d'expression et de presse, qui se multiplient ces temps-ci, est nécessaire et légitime au Maroc comme en Belgique. Ainsi de suite pour tout ce qui menace les droits encore si ténus des citoyens marocains.

Nous, militants et responsables associatifs et des droits de l'homme au Maroc, nous sommes des patriotes. Beaucoup d'entre nos amis ont donné des années de leur vie, dans les prisons, sous la torture, ont été victimes des pressions, des délations, des diffamations du pouvoir, pour assumer leurs responsabilités de citoyens et de patriotes marocains, pendant les années de plomb. Certains ont disparu. Nous gardons leur exemple en mémoire. Il existe d'ailleurs une très ancienne tradition de solidarité entre les démocrates belges et marocains, qui a permis, durant les années de plomb, de renforcer notre combat et de tirer des griffes de la répression de nombreux militants au Maroc. Nous refusons que de pseudo-représentants d'un Maroc qui n'est pas le nôtre prétendent aujourd'hui interdire à quiconque d'être solidaire de notre combat, au nom d'un patriotisme perverti qui n'a rien à voir avec la citoyenneté et les droits des Marocains.

Dans cette bataille des idées et des convictions, tous les coups semblent permis, de la part de ces "patriotes" de commandite. Notre camarade Serge Noël, qui se bat à nos côtés pour les droits humains des migrants subsahariens, pour les droits des enfants, dont plus de 600.000 travaillent encore en dessous de 15 ans ici, est aujourd'hui la cible de manœuvres ignobles. Nous connaissons ce genre de manœuvres. Nous savons de quoi certains zélateurs du Makhzen sont capables, lorsqu'ils se sentent acculés sur le fond d'un débat. Souhaitant dépasser le cadre de cette manœuvre à la fois écoeurante et dérisoire, nous nous adressons aujourd'hui à tous les militants belges des droits de l'homme. Nous leur disons : ne vous laissez pas intimider par les discours de certains. Critiquer les atteintes aux droits de l'homme, l'ambiguïté fondamentale du pouvoir marocain en la matière, c'est aider les démocrates marocains à renforcer les acquis démocratiques, les droits, c'est encourager la société civile et politique marocaine dans la construction d'un état de droit qui sera avant tout l'œuvre de ses citoyens, de leur sens des responsabilités, de leur courage et de leurs mobilisations. Soyez, avec nous, patriotes pour un Maroc citoyen, démocratique, où les mots justice sociale et droits humains ne seront plus de simples incantations, des discours, de bonnes intentions.

Tanger, le 4 janvier 2006.

Ali Tabji, membre du Comité central de l'Association marocaine de défense des Droits Humains, Boubker Khamlichi, responsable du réseau associatif du Nord Chabaka, Rachid Ghbalou, responsable de l'association Espoir théâtral pour les enfants, Khalil El Haddad, responsable de l'Association Marocaine pour l'Education de la Jeunesse.

Lettre ouverte de Sam Touzani et Mohamed Belmaïzi au C.A. du MRAX

[Lettre adressée aux administrateurs du MRAX, qui ne leur parviendra jamais, le bureau n'ayant pas daigné la leur communiquer. Ce qui n’empêchera pas « le CA » d’y répondre ( !??). Où il est question d'un article de Sam Touzani et Mohamed Belmaïzi traitant de convergences d'intérêts entre l'extrême droite flamande et le pouvoir marocain et publié sur le site du MRAX. Article censuré et remplacé par un texte du président Bouhlal, nettement plus favorable au pouvoir marocain.]


Le 9/11/2005


Cher Président, cher Radouane,
Chers membres du CA du Mrax,
Chers membres effectifs du Mrax

C’est avec regret que nous nous permettons de nous indigner devant votre noble et vivante association.

Votre organisation à utilité publique et à réputation historique basée sur une véritable déontologie pour dénoncer tous les racismes et les fanatismes, nous paraît naviguer ces derniers temps, vers des récifs idéologiques insondables. Rouages et calculs insoutenables, relevés par-ci, par-là…

Cela concerne quelques signes qui ne trompent personne, mais qui, nous l’espérons de tout cœur, resteront, casés parmi des broutilles sans influences sur la véritable ligne directrice de votre combat qui est le nôtre, et celui de toute la société civile ayant sans ambages le rôle d’adjuvant capital. Elle reste un contre-pouvoir estimable, aux éventuels excès, et vous en faites partie.

Nous constatons aujourd’hui que ce contre-pouvoir dans lequel nous devons nous inscrire pour mener à bien nos combats, devient de plus en plus compromis. Car des lignes rouges se sont tellement immiscés dans les imaginaires de certains de vos membres, qu’il devient difficile et mal venu de les franchir.

La première ligne rouge consiste dans la critique des Etats qui flirtent avec la xénophobie et le racisme, et dans notre cas il s’agit de l’Etat marocain. Dès l’abord, la réticence à la publication dans votre site, qu’à rencontré notre article (« Alliance diabolique, Vlaams Belang/Etat marocain… »), et le destin ensuite de la non-visibilité que vous lui avez infligé sous prétexte qu’il faisait de l’ombre à vos activités, nous laissent entrevoir et entendre des chuchotements commanditaires.

Que s’est-il passé pour qu’une association qui milite contre le racisme et la xénophobie, ne retienne d’un article qui traite et analyse à juste titre, les dessous d’un racisme sournois et d’une xénophobie criante, qu’un passage ou deux qui mettent sur la sellette l’absolutisme d’un Etat marocain inhumain et expéditif dans sa gestion du flux migratoire des Subsahariens? Que s’est-il passé pour qu’un article, offert à une lecture immédiate comme le veut la tradition du site, se voit subitement déplacer ailleurs ? Quel est le sens et la portée de la note du Mrax accompagnant notre article, le seul d’ailleurs : « Cette prise de position n’engage que ses auteurs » ? Certes la responsabilité des auteurs est engagée ! Mais fallait-il le préciser davantage, sans que l’on intercepte au vol la présence du regard institutionnel qu’il faut rasséréner. Est-ce pour ne jamais perdre l’honneur d’une orientation éditoriale embrigadée ?

L’autre ligne rouge concerne la critique de ce nouveau terme que l’on veut absolument nous l’inculquer sans mode d’emploi : L’islamophobie. L’aborder pour en analyser les contours devenus par la force des choses, inopérants (et nous avons démontré pourquoi), a valu à notre article, une violente diatribe de l’un de vos membres effectifs sur votre site même… Si votre association permet ce discours en son sein – (dans ce sens que l’absence de distanciation par la fameuse notice, du Mrax « cette prise de position n’engage que son auteur est remarquable) – nous pourrons nous attendre au rouleau compresseur de la pensée unique qui écrase et interdit.

C’est pourquoi, nous sommes en devoir de questionner ces dessous de cartes qui nous interpellent, parce qu’il y a risque de bâillonner la liberté et le véritable refus. Le Mrax a-t-il perdu son autonomie, pour devenir une succursale de l’Etat marocain ? S’inscrit-il sous l’égide d’une idéologie occulte à laquelle il faut acquiescer et prosterner pour mériter la parole ?

Nous vous prions, dans l’attente d’une réaction probante, d’agréer nos sincères salutations.

Sam Touzani
Mohammed Belmaïzi


PS : Cette lettre est adressée au président et au CA du Mrax, et elle peut à tout instant s’adresser à l’opinion, sous le titre de Lettre Ouverte.

Interpellation du CA du MRAX par S.Chichah et N.Ouali, chercheurs à l'ULB.

Bruxelles, le 7 décembre 2005

Objet : la conférence de presse du MRAX du 1er décembre 2005

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les administratrices-teurs,

Dans le cadre de l’annonce de la visite du Vlaams Belang les 8, 9 et 10 décembre prochains au Maroc, le MRAX a organisé, le 1er décembre 2005, une conférence de presse pour la dénoncer, ce dont nous nous félicitons en tant que démocrates, membre et sympathisant de votre association de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

Néanmoins, des faits particulièrement choquants, survenus lors de cette conférence de presse, nous conduisent aujourd’hui à les porter à votre connaissance et à susciter la réaction de l’ensemble des membres du Conseil d’administration.

Comme vous avez pu le constater dans le Soir d’aujourd’hui, nous avons publié une carte blanche collective dans laquelle nous nous indignons de la position de la Ministre marocaine déléguée aux Affaires étrangères, Madame Cherkrouni, quant à sa déclaration de débattre avec le Vlaams Belang au Maroc ainsi que sur ses propos scandaleux à l’égard des migrants subsahariens (voir son interview ci-joint).

Plusieurs signatures ont été sollicitées dont tout naturellement celle du MRAX, en la personne de son président. À notre grande surprise, la réponse qui nous fut donnée par le président a été que cette carte blanche était sans fondement, la Ministre ayant publié un communiqué dans la presse qui démentait les propos que le journaliste de la Libre Belgique lui prêtait le 23 novembre dernier. Fort d’une affirmation non étayée, la présidence du MRAX a contacté plusieurs signataires de la carte blanche pour les inviter à retirer leur signature, ce qui fut fait pour certains d’entre eux.

Curieusement, le lendemain au cours de la conférence de presse, suite au doute émis par plusieurs personnes sur le bien fondé de ce démenti, le président du MRAX affirme lui-même le caractère « peu rassurant » du communiqué. Interpellé sur cette contradiction et, une fois encore à notre grand effarement, le président déclare accepter de signer la carte blanche au nom du MRAX moyennant notamment le remplacement du terme « oligarchie » (voir carte blanche en annexe) par « establishment ».

Bien plus grave à nos yeux, lors de la conférence de presse où nous étions conviés sur invitation et à laquelle Monsieur Chichah a assisté, nous nous sommes étonnés de voir Monsieur Fouad Majloufi, représentant du Consulat du Maroc, siéger aux côtés de la présidence du MRAX. La présence d’un représentant du Maroc n’était nullement annoncée dans le communiqué de presse du MRAX alors qu’il intervenait systématiquement dans le débat en sa qualité officielle, notamment pour s’opposer à toute condamnation des propos tenus par Madame la Ministre Chekrouni. Ceci a eu pour conséquence de provoquer une totale confusion sur les réels organisateurs de la conférence de presse, les objectifs et les positions du MRAX qui, selon le communiqué de presse , avait pour but de réagir à la visite du Vlaams Belang au Maroc.

En effet, la conférence de presse est rapidement devenue un espace d’échanges musclés entre le fonctionnaire consulaire et une partie du public.

De deux choses l’une : soit le MRAX décide de ne jamais se positionner par rapport à un pays tiers et il s’agit d’une position claire que nous respectons. Soit il choisit d’interpeller tous les protagonistes impliqués dans un fait ou une situation incriminés. Dans ce cas alors le MRAX doit le faire en toute impartialité et en son nom propre ou éventuellement associé à une organisation, comme ce fut le cas ici avec l’association KIF KIF.
Il se fait, en l’occurrence, que la manière dont la conférence de presse a été gérée, a davantage servi de tribune au représentant du consulat du Maroc pour dédouaner le faux-pas des autorités marocaines que de faire passer le message initial du MRAX.
Par ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir qu’un représentant du consulat du Maroc aux côtés du MRAX n’est pas du tout indifférent aux yeux des Marocains étant donné le rôle que les autorités consulaires a joué dans la répression, encore vive dans les mémoires, des immigrés marocains en Belgique et en Europe.
C’est l’instrumentalisation inacceptable du MRAX qui nous a choqué et que nous dénonçons aujourd’hui avec force.
C’est pourquoi nous demandons au MRAX de réaffirmer son indépendance et sa neutralité vis-à-vis de toute autorité et tout pouvoir étrangers, en particulier lorsqu’il s’agit, comme ici, de pouvoir non démocratiquement élu. Il en va de la crédibilité du MRAX, malheureusement quelque peu écornée par la confusion qui a prévalu lors de cette conférence de presse.

Enfin, le MRAX, ayant refusé de co-signer notre « carte blanche », nous souhaiterions savoir comment le MRAX se positionne sur l’interview de Madame la Ministre Chakrouni et sur le contenu du texte publié en réaction. Ceci afin de connaître clairement la position officielle du MRAX.

Dans l’espoir de vous lire prochainement, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs des administrices-teurs, l’expression de nos sentiments les meilleurs.


Souhail Chichah
Nouria Ouali

« Ça doit cesser ! »

[Carole Grandjean, directrice démissionnaire témoigne - juin 2005... ]

Je voudrais témoigner du comportement de Radouane Bouhlal dès son arrivée à la présidence du MRAX :

- absence totale de respect des procédures : bureaux (et parfois CA) convoqués 2 jours à l’avance, sans tenir compte des disponibilités des membres ;
- tentatives de modifier les PV : exemple lors du bureau du 4 juin ;
- mensonges : il a par exemple prétendu à plusieurs reprises qu’il n’avait jamais reçu les profils de fonction des permanents (qui a été transmis à tous les administrateurs lors du premier CA) ;
- tentative de monter les permanents les uns contre les autres (que penses-tu d’untel ? une telle, ça ne va pas du tout…) et ingérence incessantes dans le travail de l’équipe contrairement à ce qui lui était demandé par l’administrateur délégué ;
- frein dans le processus d’analyse et de supervision institutionnelle qui devrait petit à petit, et dans le respect des travailleurs, amener une culture plus professionnelle et collective ;
- manipulations en tous genres (il a fait dévier chez lui tout le courrier qui arrivait au MRAX en son nom, sans rien dire à personne – mais qu’a-t-il donc à craindre ou à cacher ? – niant d’abord le fait, puis devant avouer la vérité face à une lettre de la Poste : résultat, trois semaines sans courrier au MRAX, la Poste ne comprenant plus rien.) ;
- multiples vexations et bâtons dans les roues vis-à-vis de Carole et Marie : refus de respecter leurs profils de fonction ;
- persécutions téléphoniques sur mon portable ;
- dénigrement systématique de ma personne dans des milieux divers…

Comment tient-on quand les 9/10 d’un CA laissent faire de tels agissements et m’en font porter la responsabilité (« Radouane victime »), quand on n’arrive plus à travailler correctement tant avec l’équipe que vis-à-vis de l’extérieur, quand on s’épuise à être sans cesse sur le qui vive et à redouter le smauvais coups ?

Ce nouveau CA sous la présidence de Radouane m’a vidée de mes ressources, même si j’ai bataillé fort pendant quelques mois ; la maladie de ma fille m’a décidée à partir : sauver ma peau pour pouvoir l’accompagner (et aujourd’hui, merci, je travaille avec engagement et sérénité et suis disponible pour ma vie familiale). Les raisons qui font que l’on quitte un emploi sont toujours multiples et complexes…

Le harcèlement insidieux et incessant que m’a fait subir Radouane m’a démolie physiquement et psychologiquement.

N’en pouvant plus des conditions de travail par ailleurs souvent humiliantes (le fait de devoir se battre – et souvent vainement – pour représenter le MRAX à l’extérieur, des demandes incessantes de « notes » comme si on était dans un cabinet ministériel, notes dont il ne faisait rien par ailleurs…), j’ai demandé au service juridique de mon syndicat comment me protéger.

Même s'il y avait matière à poursuites pour harcèlement moral, comme j’avais annoncé mon départ, il m’a été conseillé de ne rien tenter, mais de partir au plus vite. Je suis tombée malade.

Après un an de Présidence de Radouane au MRAX, on ne peut constater que sont partis:
- Carole
- Marie (pause carrière)
- Marianne
- Pierre-Arnaud
- Christian (pause carrière)

Croire au hasard et se retrancher derrière des motivations qui seraient uniquement externes relève de l’hypocrisie ou de l’aveuglement.

Le CA souhait maintenant licencier Luc, et après ce sera le tour de Najwa sans doute ? Serait-ce faire preuve de manque de modestie que de considérer que le MRAX se vide brutalement de ses talents ? Bien sûr personne n'est irremplacable, mais en l'occurence, le nombre et la rapidité des départs doit rendre bien difficile la continuité du travail entamé (J'ai à cet égard plusieurs fois proposé au CA d'aider à passer la main au nouveau directeur, ces propositions sont restées vaines.) La manière dont le nouveau CA et Radouane en particulier a conduit la gestion des ressources humaines a épuisé les travaileurs, les a démotivés, rendus malades et ceux qui le peuvent partent quand ils arrivent à bout...

Non « tout ne vaut pas tout », la cause ne mérite pas un tel gâchis, elle n’est pas digne que qu’on respecte si peux les travailleurs, eux qui sont (ou étaient) les vraies forces vives.

Ça doit cesser !

Carole Grandjean, juin 2005

« Pour rien au monde… »

[Marie Van Keirsbilck, directrice-adjointe démissionnaire témoigne.]

C'est avec grand regret que je me replonge dans le souvenir de mes derniers mois au Mrax.
J'ai pris distance, physiquement et mentalement, je suis sortie du stress que j'y ai connu, et je n'ai aucune envie d'y repenser.
Cependant, j'apprends que cela va de mal en pis, et pour mes anciens collègues d’une part, et pour le Mrax comme institution à laquelle je crois, je vais faire cet effort.
Dans les mois qui ont suivi mon arrivée au Mrax, en remplacement du gestionnaire, il s'est avéré utile de mieux définir mon rôle. Ca a été un processus, une réflexion, menés par le CA de l'époque puis approuvés par la délégation syndicale - et via elle, par l'équipe.
Dans cette clarification, ma place était définie comme adjointe de Carole, et nous avons travaillé en tandem - avec nos spécificités mais aussi beaucoup de complémentarité et de complicité.
Dès son arrivée, Radouane a refusé de reconnaître mon rôle d'adjointe, ne m'adressant pas la parole, évitant de me laisser parler lors des réunions du conseil d'administration (je restais de longues minutes la main levée...), m'ignorant tant que possible – et ce malgré que ce rôle d’adjointe soit le résultat non de mon propre désir mais d’une décision collective, dûment actée, du précédent CA.
Peut-être que ça flattait son orgueil de ne s'adresser qu'à la directrice, et pas à son adjointe - mais c'était doublement contre-productif : d'une part, cela obligeait Carole à me 'faire rapport' de ses contacts avec Radouane; d'autre part, et surtout, ce faisant, Radouane ne prenait pas en compte la spécificité de mon travail, à savoir les questions financières et administratives. Or, à mon arrivée au Mrax en janvier 2001, l’association était en faillite. Quand Radouane est arrivé, un an et demi plus tard, la situation tant administrative que financière était stabilisée et dans une large mesure la pérennité assurée. J’apprends aujourd’hui que sous le règne du CA actuel, une grande partie de ce qui avait été péniblement gagné a été reperdu (je pense entre autres au fait d’avoir retiré le dossier de reconnaissance Education Permanente, reconnaissance qui aurait garanti des rentrées structurelles à l’association – mais qui, correspondant à la réalité, ne correspondait pas aux fantasmes du président : être une fédération. Je le regrette…
Autre chose : avant l'arrivée de Radouane, le Mrax allait bien à certains niveaux, et moins bien à d'autres. Un important travail d'analyse et d'impulsion de changements avait commencé, mené par la direction et l'administrateur-délégué (Carole, Bernard et moi), avec le soutien et la confiance du CA de l'époque; et sous la guidance d'un professionnel de l'accompagnement d'équipes.
Radouane est arrivé dans cela, comme dans le reste au Mrax, comme un éléphant sourd et aveugle dans un magasin de porcelaine. Il n'a pris aucun temps pour s'informer, pour découvrir l'histoire, le fonctionnement, "l'âme" du Mrax, il n'a pas cherché à savoir quels projets étaient en cours, quelles réflexions mûrissaient... (il faut dire qu'à la veille de son élection comme administrateur, il était tout à fait inconnu du Mrax). Il est arrivé avec des intentions, des projets, qui ne reposaient que sur des considérations personnelles... comme une des premières choses dont il a parlé, le lendemain de son élection comme président : qu'il voulait licencier deux des permanents et 'vérifier la qualité du travail' d'une troisième. Cette 'anecdote' est révélatrice du peu de respect qu'il a montré, tout au long, pour la direction, pour les processus en cours (d'évaluation, de modification de fonctions quand nécessaire...), et de manière générale pour les personnes et leur travail.
Dans ses relations avec la direction (càd avec Carole seule, comme expliqué plus haut), il n'a cessé de demander des notes. Quand on lui disait que sur le sujet, il avait reçu déjà reçu une note, il en demandait une autre - et on n'a jamais eu d'éléments indiquant qu'il avait lu celles qu'il avait reçues. Carole et moi nous sommes retrouvées avec du travail à faire, dont nous ne voyions ni le sens ni l'utilité, et avec trop peu de temps pour gérer les urgences du moment (comme le dossier de reconnaissance pour l'Education Permanente).
Enfin, pour donner une idée de comment les choses se passaient entre lui et moi... Lors d'une absence de Carole, je préparais les documents pour la publication du nouveau CA au Greffe du Tribunal de Commerce. Je lui ai montré ce que j'avais fait, et il m'a demandé d'y amener une correction qui allait à l'encontre des instructions explicites de l'employée du Greffe. J'ai refusé... et il m'a dit "Je ne vois pas pourquoi tu en fais un caca nerveux". Il m'a alors demandé de lui envoyer les documents par mail, en disant qu'il les compléterait à sa manière... (La question litigieuse était la mention ou pas du nom de Carole dans la liste des personnes assistant au Conseil d'Administration. Une question d'ego pour lui... mais encore une fois, une décision prise par le précédent CA, qui n’avait fait l’objet d’aucune remise en question par le nouveau CA, et qui a toute sa logique : la transmission de l’info de l’équipe vers le CA et inversement).
A tout moment et à tout sujet, Radouane a refusé de reconnaître la moindre expertise à quiconque, a refusé de tenir compte de la réalité dans laquelle il se plongeait (en refusant d'en entendre parler), a refusé la négociation, la réflexion collective, le travail d'équipe... Il a réduit le rôle de la directrice, et a fortiori le mien, à celui de simples exécutantes. Il a exigé de prendre la parole (en réponse aux journalistes par exemple) même si quelqu’un dans l’équipe maîtrisait le sujet mieux que lui et était parfaitement à même de le présenter convenablement.
Mon départ était prévu avant l'arrivée de Radouane à la présidence - dans le cadre d'une absence d'un an en crédit-temps. Les derniers mois ont été tellement pénibles pour moi - sans parler de l'influence que cela a eu sur ma vie privée - que pour rien au monde je ne retournerais au Mrax. Et de fait, à la fin de période de crédit-temps, j’ai choisi de démissionner, sachant que ce faisant je n’aurais pas droit au chômage. J’ai donc payé le prix de mon choix, puisque effectivement je suis restée deux mois sans emploi. Mais retourner au Mrax était trop mauvais pour moi, pour ma santé mentale, et à la fois inutile : nous avons tenté, tant que nous y étions ‘en force’, Carole et moi et les autres, d’impulser des changements et de résister à la destruction systématique de l’association, et nous n’étions arrivées qu’à nous épuiser.
Carole et moi avons tenté de protéger l'équipe tant que nous y étions. Je ne m'étonne pas qu'après notre départ, les autres aient également souffert, et que plusieurs (ceux qui ont pu trouver un autre emploi...) aient déjà quitté.
Voilà ce que j'ai à dire sur l'évolution de la vie au Mrax entre le dernier changement de présidence et mon départ, début décembre 2004.

Marie Van Keirsbilck, adjointe à la directrice au Mrax depuis janvier 2003, en crédit-temps depuis le 1er déc. 2004, et ayant démissionné le 30 novembre 2005.

Chronologie d'une année désastreuse

[Texte distribué à l'occasion de l'AG de juin 2005, au cours de laquelle l'assemblée refusera de voter le rapport moral...]

• 24 avril 2004. Assemblée générale et élection du nouveau conseil d’administration.

• 11 mai 2004. Première réunion du nouveau CA et nomination surprise de R. Bouhlal au poste de président. Il déclarera publiquement d’une part, n’avoir jamais pensé à se présenter avant cette première réunion du conseil d’administration et, d’autre part, « avoir refusé d’être l’Arabe de service ».

• 12 mai 2004. Communiqué rédigé par R. Bouhlal annonçant son élection qui « ouvre une nouvelle page dans l’histoire du MRAX : celle d’être présidé, pour la première fois, par une personne de la seconde génération ». Indignation devant une affirmation inexacte et égocentrique, perçue par beaucoup comme une récupération communautariste.

• 23 juin 2004. Assemblée générale extraordinaire, convoquée à la demande de membres inquiets de la manière dont le CA entend gérer l’association. Après des débats houleux, se jugeant incapable de juger après si peu de temps, une majorité décide de voter la confiance au CA moyennant (notamment) une modification de la composition du Bureau.

• Septembre 2004. Annonce du départ de la directrice Carole Grandjean qui dénonce des « mensonges et des manipulations en tous genres » de R. Bouhlal et affirme que « le harcèlement insidieux et incessant que [lui] a fait subir Radouane [l]’a démoli physiquement et psychologiquement ». L’adjointe à la direction, Marie Van Kersbilk, demande une pause carrière d’un an et dénonce pour sa part les méthodes de travail du président : « A tout moment et à tout sujet, Radouane a refusé de reconnaître la moindre expertise à quiconque (...), a refusé la négociation, la réflexion collective, le travail d’équipe... Il a réduit le rôle de la directrice, et a fortiori le mien, à celui de simples exécutantes ».

• Octobre 2004. Ateliers de travail sur les « axes programmatiques » de l’association. Certains déjà dénoncent l’envoi de convocation systématiquement à la dernière minute, ce qui réduit considérablement la possibilité de débat, et la précipitation dans laquelle sont menées les discussions.

• 20 novembre 2004. Assemblée générale : débats houleux sur la proposition d’axes programmatiques, jugés inaboutis et soulevant des questions de fond importantes sur lesquelles aucun consensus ne se dégage. Bernard Hengchen dénonce la politique du vide initiée par R. Bouhlal et démissionne de son poste de trésorier.

Le débat relatif au point des axes programmatiques traitant des discriminations religieuses révèle des positions divergentes, notamment quant aux limites de l’implication du MRAX sur cette question. Une proportion importante de l’AG est opposée à la position défendue par le CA sur les questions de discriminations religieuses. Le CA s’engage ne pas mettre en œuvre ce point tel qu’il est formulé dans les axes. Il est décidé qu’un groupe de travail se réunisse à bref délai pour réfléchir aux enjeux du débat et préparer une position à soumettre aux membres de l’AG. Ce groupe de travail se réunira pour la première fois en juin 2005, soit une semaine avant l’AG.


• Novembre-décembre 2004. En l’absence de direction, R. Bouhlal obtient du CA la tâche d’animer lui-même les réunions d’équipe, en laissant entendre aux administrateurs que la demande vient des permanents eux-mêmes. Ce qui est faux et source de nouvelles tensions.

• Décembre 2004. Le contrat du bénévole s’occupant de refaire la plaquette de présentation du Mrax se terminant, il devient urgent d’en finaliser le texte. Najwa demande que le texte soit mis à l’ordre du jour du CA. R Bouhlal refuse et corrige lui-même le texte. La plaquette devait s’ouvrir sur une citation de Taguieff, choisie parmi d’autres propositions après un vote au sein de l’équipe des permanents. La citation ne lui plaît pas : Taguieff est trop « connoté sioniste ». Il en choisit une autre.

• Décembre 2004. Luc Malghem est contacté par la Communauté française et par une association antiraciste québécoise afin de susciter des candidatures pour la Semaine d’Action contre le Racisme à Montréal, en mars 2005. Alors qu’il n’a jamais été demandé au Mrax de sélectionner les candidats, mais bien de susciter des candidatures, à charge pour le jury montréalais de les trier, R. Bouhlal décide unilatéralement que le Mrax choisira les candidats. Il figure évidemment parmi les candidats retenus.

• Décembre 2004. Courrier des permanents à R. Bouhlal, tenant de lui faire prendre conscience de la manière autoritaire et dénigrante dont il gère l’équipe. Dans un souci de dialogue, cette lettre n’est adressée qu’à lui. Il y est demandé de ne pas y voir la marque d’une résistance au changement (argument inlassablement opposé aux critiques) mais bien une démarche constructive. Après une discussion tendue avec les permanents, R. Bouhlal finit par proposer que le nouveau directeur-adjoint, Gino Ebwele, anime dorénavant les réunions d’équipe dans l’attente d’un(e) directeur (trice).

• 14 décembre 2004. Les axes programmatiques sont votés en bloc par l’AG. Certains permanents votent contre, et pour cause : la plupart de leurs remarques écrites sur le texte ont été balayées par R. Bouhlal, qui a pris sur le lui de décider seul celles qui lui semblaient pertinentes.

• 22 décembre 2004. Conseil d’administration : dans un souci de « transparence », R. Bouhlal évoque le courrier « confidentiel » que lui ont adressé les permanents. Il présente la lettre des permanents comme la marque d’une résistance au changement et du désir de certains de garder leurs privilèges.

Remarque : ce PV est l’un des deux seuls qui auront pu être consultés par les permanents. La personne l’ayant communiqué fera d’ailleurs l’objet d’une réprimande de la part de R. Bouhlal.

• 22 décembre 2004. Au cours de la même réunion du CA, il est demandé aux permanents et aux administrateurs de réagir à une résolution condamnant l’antisémitisme, dite résolution « Teitelbaum ». Il a été prévu et souligné dans ce même PV que, s’il y a désaccord sur ce sujet sensible, il y aura débat collectif. Deux mois plus tard, R. Bouhlal justifiera par l’urgence le choix de décider seul de la position du Mrax.

• Décembre 2004. Procédure d’engagement du nouveau directeur. Après une première sélection, huit candidatures sont retenues. Parcourant la chemise contenant les CV des huit candidats, R. Bouhlal soutient qu’un permanent a dû substituer une des candidatures, qu’il juge trop mauvaise, et décide de la remplacer par une autre, qui ne figurait pas parmi la première liste. Gino Ebwele, directeur-adjoint, s’y oppose.

• Janvier 2005. Procédure de recrutement du directeur. Au mépris des statuts prévoyant la présence du directeur-adjoint au CA, R. Bouhlal interdit à Gino Ebwele de participer au CA convoqué pour nommer le directeur. Il le présente comme « empêché » aux administrateurs qui s’étonnent de son absence. Par ailleurs, Gino Ebwele sera noté présent dans le PV du CA. Didier de Laveleye est retenu comme directeur.

• Janvier 2005. Annonce du départ de Marianne Gratia qui dit espérer que le MRAX traitera des problématiques liées à son objet social en tenant compte des positions de chacun, dans le cadre d’un processus transparent et d’un fonctionnement démocratique, regrettant que ce ne soit plus le cas depuis plusieurs mois. Son départ sera présenté en CA comme la volonté de ne pas manquer une réelle opportunité professionnelle.

• Janvier 2005 : demande de Christian Désert de partir en pause carrière à temps plein à partir du 1er avril.

• Février 2005. Pierre-Arnaud Perrouty démissionne et, dans une lettre au CA, dénonce « la vision personnalisée du pouvoir » de R. Bouhlal, « le manque de transparence dans les processus de décisions » et une « gestion catastrophique des ressources humaines ». Aucune réponse du CA à ce courrier alors que certains points précis sont soulevés, comme la demande jamais rencontrée des permanents de pouvoir consulter les PV des CA, comme la loi et les statuts le prévoient. Sa démission sera présentée comme le résultat de la déception de ne pas avoir été retenu comme directeur.

• Février 2005. Procédure de sélection des deux juristes. Christophe Delanghe, bénévole depuis plusieurs mois, est engagé. Sans motif sérieux et alors que plusieurs candidats licenciés en droit avaient été présélectionnés (condition d’embauche selon l’offre d’emploi), le deuxième poste à pourvoir est attribué à un gradué, sous réserve d’acceptation de l’Orbem de voir cet emploi déqualifié. Parmi les candidats licenciés en droit, plusieurs avaient témoigné de leur engagement et compétences durant le stage ou le volontariat qu’ils avaient récemment effectué au sein de l’association. Résultat : un emploi perdu pendant quatre mois.

• 22 février 2005. R. Bouhlal envoie un courriel dans lequel il demande à tous de relire (dans l’heure) son projet de réaction à la proposition « Teitelbaum » (voir aussi : 22 décembre 2004 et 23 février 2005). Ignorant les protestations de certains administrateurs et permanents, il prend sur lui, au nom de l’urgence, de décider tout seul que la position du Mrax : réclamer que l’on supprime purement et simplement dans cette proposition de résolution toute référence à l’antisémitisme. Rappelons que la position du Mrax sur la non-spécificité de l’antisémitisme n’a jamais fait l’objet du moindre débat. Les employés qui tenteront de faire valoir leur avis par mail seront taxés de polémistes.

• 23 et 24 février 2005. Suite à plusieurs courriers de Gino Ebwele aux administrateurs dans lequel il s’inquiète du peu de cas qui est fait de l’avis des permanents dans les débats internes, ce qui pourrait « inhiber toute initiative future, et finit par conduire à la résignation. », R. Bouhlal lui interdit de communiquer dorénavant directement avec eux. D’autres permanents, dont Marianne, se sont vus adresser le même reproche lorsqu’ils ont envoyé un document à l’ensemble des membres du CA, pour recueillir leur avis, remarques ou aval à propos de textes au sujet desquels la position de l’association était demandée. R. Bouhlal souhaitait que les mails des permanents ne soient adressés qu’à lui et qu’il se chargerait de les transmettre ensuite au Bureau s’il le jugeait utile.

• 23 février 2005. Suite à la position du Mrax, foire d’empoigne au Parlement bruxellois autour de la proposition Teitelbaum. On apprend par la presse que, contrairement à ses dires, R. Bouhlal a envoyé le courrier à 3h48 du matin et non à 17 heures la veille, comme il l’avait fait valoir pour écarter certaines remarques arrivées « trop tard ». Nouvelles tensions au sein de l’équipe confrontée à un mensonge flagrant.

• 3 mars 2005. Communiqué de presse du Mrax : « Affaire Remmery – Que condamne-t-on au juste ? ». Au mépris des remarques des permanents, R. Bouhlal impose une lecture strictement religieuse des problèmes de discriminations au quotidien. Rappelons que la position du Mrax relative à la question de l’islamophobie n’a jamais fait l’objet du débat promis.

Le communiqué se termine comme suit : « En amont de ce fait, le Mrax entend donc attirer l’attention de notre société sur le fait (…) qui consiste à tout simplement exclure un-e concitoyen-ne d’un emploi, d’une école, d’une discothèque, d’un logement etc. simplement parce qu’elle/il est de confession musulmane. »


• 2 mars 2005. Mise au vert : première rencontre administrateurs/permanents après des mois de crise. La rencontre, durant laquelle les permanents tentent de dénoncer la manière catastrophique dont est gérée l’association, tourne au psychodrame. Plusieurs permanents sont visiblement à bout de nerf. Certains administrateurs découvrent l’ampleur des dégâts.
• 4 mars 2005. Luc Malghem envoie un courrier au CA, dans lequel il revient sur certains problèmes dénoncés lors de la mise au vert, et s’étonne de l’indifférence du CA. Dans ce courrier, il annonce par ailleurs son intention de porter plainte pour harcèlement professionnel. Il n’aura jamais la moindre réponse du CA et ne sera jamais entendu.

• Le 15 mars 2005, Luc Malghem porte plainte auprès du Service public fédéral du Contrôle du bien-être au travail. Aucune réaction du CA.

• 23 mars 2005. Lettre du Bureau aux permanents pour les remercier de leur « franchise » et de leurs « propos musclés », présenter les excuses du président et annoncer diverses décisions, parmi lesquelles la transmission des PV des CA et des Bureaux.

• 24 avril 2005. Luc Malghem envoie un courrier au CA dans lequel il dénonce des irrégularités flagrantes dans la procédure de sélection du journaliste à engager. Il ne sera jamais entendu, n’aura jamais la moindre réponse du CA. Dans un courriel adressé aux administrateurs, le directeur traite Luc Malghem de menteur. Par retour de mail, Luc Malghem produit la copie d’un document prouvant ses dires.

• 2 mai 2005. Le directeur du Mrax annonce à l’équipe que le Bureau a décidé de licencier Luc Malghem alors que celui-ci n’est même pas au courant ! Un de ses collègues appelle Luc pour l’avertir alors qu’il est en incapacité de travail. La convocation pour le CA du soir-même est partie le matin du même jour (bien que la décision ait été prise la semaine précédente en Bureau) sans que le licenciement figure à l’ordre du jour (mention du « cas Luc »). Il a fallu que les employés téléphonent aux administrateurs pour les mettre au courant de ce qui se passait et leur demander de venir.

Le soir, le CA débat du licenciement de Luc. Occupation des locaux par les employés pendant les délibérations, menaces de grève et diffusion du tract suivant :

« Le licenciement de notre collègue Luc Malghem nous a été notifié ce matin en réunion d’équipe. (...) Nous ne nous attendions absolument pas à cette décision. Nous sommes choqués et abattus par ce procédé qui ne laisse aucune place à la médiation et au dialogue. Nous vous informons que nous contestons fermement ce licenciement et que nous n’en comprenons pas les motivations. (...) Nous sommes en colère et profondément déçus. »

Le CA décide finalement de ne pas licencier Luc.

• 2 mai 2005. Lors du même CA, demande est faite de reporter au 18 juin l’Assemblée générale initialement prévue le 28 mai. Motif invoqué : les permanents n’ont pas rentré leur rapport d’activité. Or l’énorme majorité l’avait rentré, et la décision, prise en Bureau la semaine précédente, précédait l’AG de cinq semaines, ce qui laisse penser que le réel motif de ce report était tout autre : laisser retomber la tension.

• Juin 2005. Karim Cherradi reçoit le préavis qui met fin à son contrat de remplacement. Il déplore que « la mauvaise gestion du personnel ait instauré une ambiance tendue et délétère : celle-ci a miné mon travail et mon moral ; je me sens tiraillé entre la déception de quitter mes collègues malgré moi et l’opportunité de trouver un cadre plus stable et respectueux ».

• Juin 2005. Prises de position publiques de R. Bouhlal en faveur de la pénalisation du génocide arménien. Comme toujours, « au nom de l’urgence », aucun débat sur le fond au sein du Mrax. Certains permanents manifestent leur exaspération face à une décision qui leur paraît strictement personnelle et sur la récupération politicienne qui est faite de l’« expertise » (?) du Mrax sur cette question.

• Juin 2005. De nombreux PV de CA manquent toujours au registre de l’association (trois seulement par ex. sont consultables pour l’année 2005 !). Par ailleurs, aucun Bureau n'a fait l'objet du moindre PV, au mépris de la loi sur les a.s.b.l. et malgré des demandes répétées. Depuis un an, le Mrax navigue dans l'illégalité la plus totale.


(Chronologie arrêtée au 8 juin 2005)

Des conditions de travail peu stimulantes...

[Un employé démissionnaire - Pierre-Arnaud Perrouty - interpelle les administrateurs du MRAX... il y a plus d'un an. Sans que ceux-ci daignent jamais lui répondre...]


Bruxelles, le 14 février 2005

Chers membres du conseil d’administration,

Comme vous le savez pour la plupart, j’ai décidé de quitter le Mrax à partir du 1er mars prochain, me sentant en complet décalage avec la manière dont le Mrax est conduit depuis plusieurs mois. Cette décision ne découle pas du fait de ne pas avoir été choisi comme directeur mais repose sur des motifs à la fois de fond et de forme.

Sur le fond, les axes programmatiques adoptés le 14 décembre dernier constituent à mes yeux le document le plus faible que le Mrax ait produit depuis longtemps. Outre la manière dont les discussions préalables ont été menées, la critique majeure me paraît qu’ils ne contiennent aucune vision cohérente et articulée des enjeux du moment. Plus grave peut-être, ils tombent dans certains travers qu’ils prétendent justement combattre : dénoncer les « demandes communautaristes » et, dans le même temps, consacrer à ce point le clivage entre deux communautés paraît pour le moins contradictoire et surtout contre-productif. Je trouve tout aussi regrettable de constater que le droit des étrangers, seul sujet qui ait fait l’objet d’un classement formel par priorités, soit évacué progressivement de l’action du Mrax.

En tant que tels, ces constats ne seraient sans doute pas suffisamment graves pour justifier un départ. A mon sens, des divergences de vue font même partie intégrante de la vie d’une association comme le Mrax et constituent plutôt une preuve de vitalité. Pas très graves donc, à condition qu’elles puissent faire l’objet de débats ouverts et transparents, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui : il ne suffit en effet pas de se dire transparent pour l’être.

Sur la forme, pour ne retenir que l’essentiel, me paraissent très problématiques pour la vie de l’association :

- la centralisation de l’information par le président actuel, sa vision personnalisée du pouvoir et sa volonté de contrôle permanent ;
- le manque de transparence dans les processus de décisions, contrairement à ce qui est affirmé (à ce jour, malgré des demandes répétées, aucun PV des réunions du conseil n’a été transmis aux permanents) ;
- une gestion catastrophique des ressources humaines, comme en témoigne le malaise profond ressenti au sein de l’équipe à l’égard des instances dirigeantes du Mrax (5 départs en 4 mois, sans compter la démission de deux administratrices et du Trésorier), malaise que personne ne semble prendre véritablement au sérieux. Le point culminant à cet égard demeure la lettre collective (signée par tous les permanents) adressée au président au début du mois de décembre pour lui faire part de graves désaccords et qui n’a pas fait l’objet de l’attention qu’elle méritait.

Pour tous ces motifs, je ne trouve plus aujourd’hui au Mrax des conditions de travail satisfaisantes et stimulantes. Prenant acte de l’absence de volonté ou de l’impossibilité du conseil d’administration d’apporter une solution à ces questions, j’ai choisi de travailler dans un environnement qui devrait me permettre de continuer à œuvrer pour des valeurs auxquelles je demeure attaché.

J’entends par ailleurs rester membre du Mrax et suivre à ce titre l’évolution de l’association. En nourrissant l’espoir qu’elle puisse trouver les ressources pour continuer les missions – difficiles mais essentielles – qui sont les siennes.

Bien à vous,

Pierre-Arnaud Perrouty