mardi, août 28, 2012

Pourrissement du MRAX : calcul et compromissions politiques en cause ?


Voilà 8 ans que les travailleurs du MRAX, soutenus par une cohorte de militants associatifs, dénoncent les dérives de leur association. Bilan social : licenciements à gogo (plus de 200% des travailleurs ont été remplacés), de sorte que la charge psychosociale de ceux qui y sont aujourd'hui est énorme. Bilan politique : depuis 2004, l'assemblée générale a été peu à peu vidée d'une grande partie de ses membres (ils étaient près de 300, il en reste à peine 10% aujourd'hui). Des dizaines d'administrateurs s'y sont succédés, tous ont fini par également s'enfuir, parfois avec fracas (plusieurs lettres ouvertes sont encore sur la toile), souvent en silence car pris de malaise pour avoir trop longtemps soutenu l'homme qui (dé)tient presque à lui seul l'asbl, Radouane BOUHLAL. De communiqué en communiqué, les travailleurs dénoncent ouvertement par le biais de leurs organisations syndicales, qu'ils ne reçoivent plus de travail et que leur direction, quand elle est présente, les ignore. Dans les faits, le MRAX ne fait pratiquement plus rien et n'a plus aucun crédit dans la presse, sauf quand il s'agit de traiter de sa crise interne. 

Et pourtant, malgré ce honteux enlisement, même si on lui a retiré une (faible) partie de ses moyens, l'association est toujours globalement soutenue et subsidiée par les pouvoirs publics. Si l’on a pu comprendre au début que l'on ne condamne pas trop vite une association en difficulté, la situation du MRAX dure depuis plus de 8 ans et elle n'a jamais fait qu'empirer au point où, ces derniers mois, les travailleurs dénoncent non plus seulement une mauvaise gestion mais carrément l'absence de direction et de travail et, de ce fait, l'inutilisation des subsides publics... tout cela sur fond récurrent de plaintes pour harcèlement moral.


Un bilan politique désastreux

Cette situation bénéficie tout autant à l'extrême-droite, qu'à une certaine droite populiste, qui se font régulièrement un plaisir de dénoncer l'inaction du politique, voir sa complicité. Il y aurait là autant de preuves qui confirmeraient leurs thèses tantôt poujadistes, tantôt carrément racistes. Le principal intéressé, Radouane BOUHLAL, l'a parfaitement compris et n'hésite pas à user de la même rhétorique simpliste pour se défendre. Il a par exemple encore récemment laissé entendre qu'ACTIRIS s'attaquerait à lui par... racisme. Mais il y a pire : au sein même des forces progressistes, la déliquescence du MRAX et l'image déplorable qu'il donne de l'antiracisme, souffle dans le même sens qu'un vent de scepticisme à l'égard de la défense d'une société multiculturelle. D'une certaine manière, le pourrissement du MRAX (et, avec lui, le pourrissement de l’antiracisme) joue dans la partie francophone du pays le même rôle néfaste à l'encontre du "vivre-ensemble" que les partis de la droite populiste flamande en Flandre.

Depuis des années l'antiracisme bouhlalien a consisté à substituer son combat originel en faveur du vivre-ensemble pour lui préférer l'exploitation des tensions communautaires que l'on peut résumer par la formule : fabriquer une communauté de "victimes" contre les "visages pâles (sic)" que sont tous les Belges "de souche". En bref, faire de l'antiracisme au moyen d'une propagande raciste... Au-delà de ses discours nauséabonds, c'est l'ensemble des pratiques de l'association qui ont été orientées sur cette voie : les activités du MRAX sont à ce point cloisonnées par groupes ethnico-raciaux que même en son sein des conflits entre "Noirs" et "Arabo-Musulmans" ont éclatés. En permettant au MRAX de rester, avec ce discours et ces pratiques, la "seule" référence associative subsidiée en matière d'antiracisme, les pouvoirs publics commettent un crime contre la cohésion sociale du pays. Heureusement, les subsides "cohésion sociale" dont bénéficiaient le MRAX, ont eux été supprimés (il s'agit d'une compétence régionale détenue par Charles PICQUE (PS)). D'autre part, la Ministre de la Culture, Fadila LAANAN (PS), après les avoir augmentés en 2009, a réduit de moitié la dotation publique en Education permanente (reste que les subsides actuels sont supérieurs à ceux de 2008 !) et a également commandité une plateforme d'associations destinée à réfléchir à une alternative. Cependant le MRAX reste encore largement subsidié aujourd'hui, particulièrement au niveau de l'emploi : une douzaine de salaires sont toujours financés par ACTIRIS. Et là aucune décision n'a été prise.

Un bilan social inhumain

Pourtant, ACTIRIS a déjà largement enquêté au sein de l'asbl et, outre de multiples infractions, a constaté la persistance d'une situation nuisible pour ses travailleurs. Depuis de nombreuses années, malgré un turn-over impressionnant (200%), les travailleurs dénoncent tour à tour leur "Président-Directeur", Radouane BOUHLAL, qu'ils accusent de plaintes pour harcèlement moral et un mode de management erratique (Mr Bouhlal passe 1/3 de son temps... au Maroc) et despotique (pressions, intimidations, humiliations résument son mode de fonctionnement quotidien). Départs et licenciements en cascade, taux particulièrement élevé d'absentéisme pour maladies, et même suicide d'un travailleur,... L'état de santé mentale des employés devrait suffire à justifier la suppression des subsides publics. Malgré les recommandations d'ACTIRIS en ce sens, aucune décision n'a abouti. Pourquoi ?  Non sans un certain cynisme, certains politiques prétendent en coulisse qu'ils ne demandent pas à supprimer les dotations publiques pour ne pas mettre les travailleurs au chômage. Nous savons pourtant que si ACTIRIS recommande de retirer les postes subsidiés du MRAX, cela ne signifie pas que les travailleurs soient nécessairement mis en chômage. Il existe des exemples par le passé où l'Administration, tout en supprimant des postes subsidiés dans une asbl, a tout simplement déplacé les travailleurs concernés vers d'autres structures. Cela fait plus de deux ans que la plupart des travailleurs du MRAX réclament le même traitement. Mais, par lâcheté politique, le Ministre de tutelle Benoît CEREXHE (CdH) repousse la décision et semble même décidé à ne pas décider et à ainsi laisser la situation s'empirer.

Calcul et compromission politique

L'inaction du Ministre régional de l'emploi Benoît CEREXHE résulte probablement d'un calcul électoral dans son parti. Contaminé par l'idéologie communautariste du MRAX, c'est ici encore une lecture raciale des citoyens-électeurs qui préside à ce type de stratégies électorales: On se souviendra que le CdH a largement utilisé BOUHLAL lors des Assises de l'Interculturalité dans le but à peine voilé de réaliser une percée électorale au sein des couches populaires dites « d'origine étrangère ». Pour preuve, à la même époque, le CdH a fait entrer au sein du Conseil d'Administration du MRAX celle qui était justement en charge de l'organisation de ces Assises, Véronique LEFRANCQ (CdH, candidate à Koekelberg), collaboratrice de la Ministre de l'Egalité des chances de l'époque et initiatrice du projet, Joëlle MILQUET (candidate à Bruxelles-Ville) ! On comprend dès lors pourquoi le CdH soutient apparemment toujours BOUHLAL.Récemment encore, lors de la dernière Assemblée Générale de juin 2012, le président des jeunes CdH, Jean-Yves KITANTOU (candidat à Jette), est venu renforcer l’asbl.

Ce type de compromissions part de l'hypothèse que BOUHLAL aurait la capacité à nuire électoralement aux partis politiques qui ne le soutiendraient pas. Cette crainte largement exploitée par l'intéressé depuis des années, n'a pourtant pas effrayé le PS schaerbeekois qui a récemment refusé de l'accueillir sur ses listes électorales. Reste cependant que plusieurs responsables politiques, singulièrement au CdH, semblent animés par l'idée implicite que la stratégie du laisser-faire et du soutien implicite au MRAX bouhlalien, ne ferait que rapporter des voix et donc n'en coûterait aucune.Encore faut-il que ces malsains calculs restent inconnus des électeurs. 

Il ne faut plus sauver le MRAX

Cette conclusion s'impose aujourd'hui à tous les militants de l'antiracisme. Après tant d'années de tentatives diverses et de faux espoirs, il est devenu évident que l'on ne peut plus sauver cette association. Surtout, son bilan social et politique étant devenu à ce point nocif -tant pour les travailleurs que pour la cohésion sociale, il est maintenant urgent d'y mettre arrêt définitif, en supprimant intégralement tous les subsides publics dont cette asbl bénéfice encore. Cela doit se faire sans délai. Cela doit se faire pour mettre fin aux déviances politiques de cette association. Cela doit se faire pour sauver des travailleurs à bout de souffle. Cela doit se faire pour rétablir une saine gestion des finances publiques. Cela doit se faire pour sauver la mémoire de ses fondateurs. Cela doit se faire pour permettre à de nouvelles initiatives d'émerger. Cela doit se faire pour donner un nouvel élan à l'antiracisme. Cela doit se faire pour réhabiliter l'idée que, dans notre société, on peut vivre et s'épanouir sans race ou tout autre cloisonnement.

Refuser cette conclusion, par aveuglement ou par calcul ethnico-politique, implique aujourd'hui que l'on soit complice des tensions inter-culturelles que le MRAX se plait à exacerber. Soutenir même mollement le MRAX, c'est prendre le risque d'alimenter des Anders Breivik et leur haine meurtrière d'une société multiculturelle. Permettre au MRAX de poursuivre son pourrissement de l'antiracisme revient finalement à faire de lit de ceux qui sont animés par la haine raciale.



mardi, juin 28, 2011

Lettre de démission de la vice-présidente du MRAX

Décidément, certain-e-s comprennent plus vite que d'autres...



Jeudi 5 mai 2011


Monsieur le Président du Conseil d'Administration du MRAX,

Cher Placide,

Chèr(e)s administrateur-ice-s,

Par la présente, je vous informe de ma décision de démissionner des postes de vice-présidente et administratrice que j’occupais au sein du Mrax. En effet, je ne me retrouve plus dans son fonctionnement actuel et dans les orientations du CA. Mais avant d’en arriver aux raisons de mon départ, il est important de vous expliquer le sens de mon engagement au sein du Mrax et la vision politique que je défends pour l’antiracisme.

Pour un antiracisme offensif, solidaire et qui prône l’émancipation

Dans un contexte de montée croissante de l’intolérance et du racisme en Europe, la nécessité d’un mouvement antiraciste offensif, solidaire et prônant l’émancipation est indéniable.

Offensif car, aujourd’hui, non seulement l’extrême-droite progresse, mais surtout ses idées se banalisent dangereusement parmi une large composante de la société. Ce constat se vérifie même dans certains milieux progressistes où la volonté de ne pas laisser le terrain à l’extrême-droite justifierait, de façon tout à fait contradictoire, des mesures discriminatoires afin d’en enrayer la progression (renforcement du contrôle sur l'immigration, durcissement des mesures pour accéder à la nationalité belge, interdiction du port de signes religieux, etc.). Dans un contexte où les attitudes et les comportements discriminatoires sont de plus en plus revendiqués, le mouvement antiraciste se doit par conséquent de défendre une vision de la société radicalement égalitaire. Cela suppose notamment de repenser systématiquement l’organisation de la société afin qu’elle ne soit plus le reflet des seuls groupes dominants. Il ne s’agit plus d’être sur la défensive face aux attaques, mais d’aller de l’avant pour changer ensemble la société.

Le racisme n’agit pas dans un monde isolé des autres luttes sociales. Bien souvent, les personnes victimes d’exclusion le sont sur base de multiples facteurs parmi lesquels : l’origine sociale, le genre, la religion, l’orientation sexuelle, etc. Face à ceux qui défendent un modèle de société basé sur la domination de certains groupes sur d’autres, la convergence des luttes est une nécessité absolue pour ne pas être pris au piège du « diviser pour mieux régner ».

Enfin, l’émancipation est une des finalités du combat antiraciste. Celle-ci suppose que les victimes de racisme et de discriminations ne soient pas simplement les spectateurs des luttes qui sont menées, mais se les approprient. Cette vision ne suppose pas pour autant que les personnes qui ne sont pas issu(e)s des minorités sont illégitimes. En effet, l'antiracisme ne consiste pas à dresser les minorités contre le reste de la société mais à combattre l'organisation de celle-ci qui engendre les actes racistes et discriminatoires. Plus nous serons nombreux à lutter contre le racisme, mieux nous le ferons reculer.

Ce souci de rassembler les forces pour lutter contre le racisme a toujours été celui du Mrax depuis les origines. Le CA issu des élections de 2004 a voulu ouvrir davantage le mouvement aux membres des minorités discriminées. C’est sur la base d’un profond accord avec cette option politique que je m’y suis engagée en 2006. Malheureusement, je suis forcée de constater que, depuis quelques années, les dysfonctionnements que je décris ci-dessous dominent l’association au point de l’étouffer.

L’indépendance politique du mouvement en péril

Un atout principal du Mrax, une de ses raisons d'être qui le rend fiable et incontournable, est son indépendance politique. Deux événements récents mettent sérieusement à mal cette capacité de l’association à affirmer celle-ci vis-à-vis des partis politiques.

1) Au mois de mai 2010, l’échevin CDH de la ville de Bruxelles, Bertin Mampaka, avait pris l’initiative d'introduire des plants de moutarde sur un terrain de la commune que les Gens du voyage occupent occasionnellement. L’objectif était de chasser ces occupants indésirables. À l’époque, j’avais émis le souhait que le Mrax réagisse par voie de communiqué à cette mesure inacceptable, mais le point n’a pas été mis à l’ordre du jour du CA. Une réunion avec le cabinet Milquet avait été promise pour « comprendre » qu’elles étaient ses véritables intentions. Cette réunion n’a jamais eu lieu.

2) Il y a quelques semaines, la ministre CDH de l’Égalité des Chances, la vice-première Joëlle Milquet, a lancé un appel pour la création d’un Conseil national des Roms. A plusieurs reprises, j’ai tenté, en vain, de saisir le Conseil d’Administration à la demande du Groupe de travail d’Education permanente « Gens du voyage » dont j’étais l’administratrice responsable, afin que le Mrax puisse émettre ses réserves à l’égard de cette proposition et en informe la ministre par le biais d’un courrier rédigé par le groupe de travail lui-même. Les risques de voir un tel organe instrumentalisé sont importants et la majorité des acteurs de terrain sont hostiles à cette mesure. Une promesse de rencontre informelle entre le cabinet et les membres du G.T. n’a pas été tenue.

La participation active du Mrax et de certains de ses membres dans le processus des Assises de l'Interculturalité, initié par la ministre Milquet, ne peut justifier la soumission de l’association à l’égard d’un parti ou d’une personnalité politique. Dans le but de faire pression efficacement sur les pouvoirs publics et favoriser l’émergence de politiques égalitaires, le Mrax doit en effet conserver sa capacité à émettre des critiques à l'égard de n'importe quel parti politique.

Une stratégie qui mène à l’isolement

Les partenaires privilégiés du Mrax sont aujourd’hui beaucoup moins nombreux qu’ils ne l’étaient par le passé. Bien au-delà des attitudes frontalement hostiles, la méfiance à l’égard de l’association s’est largement généralisée. Cette situation s’explique notamment par le manque de volonté de rassembler au sein du CA, qui a abouti au départ d’un nombre important d’anciens membres et d’administrateurs qui ont fini par former un vaste réseau qui discrédite l’association à l’extérieur.

Si certains de ces départs s’expliquent par des divergences politiques (trop d'importance accordée à la lutte contre l’islamophobie, ouverture aux minorités etc.), la majorité trouve leur origine dans le fonctionnement du CA qui a été de moins en moins capable de gérer la pluralité des points de vue. A cet égard, on pourrait dire que l’absence de pluralisme des idées n’est pas compensée par le « pluralisme des couleurs » dans la composition du dernier CA, tel qu'il est sorti des élections de juin 2010.

Notons toutefois que ce constat n’est vrai que pour le CA et non pour ce qui concerne les membres actifs. En effet, le Mrax n’a pas été capable jusqu'à présent de s’ouvrir à de nouveaux publics. Ainsi, la participation active des personnes victimes de discriminations est en partie un échec. À Bruxelles comme en Wallonie, les groupes minoritaires sont pourtant nombreux : Belges d’origine arménienne, turque, marocaine, italienne, congolaise, rwandaise, polonaise, Roms, Gens du voyage, musulmans, juifs, etc. Seuls certains de ces groupes ont pris une part plus active dans les activités du Mrax ces dernières années. Si cette situation n’est pas le reflet d’une volonté explicite du CA d’exclure certaines minorités du Mrax, force est de constater que des mesures proactives n’ont pas été prises afin que la réalité colle au discours de l’ouverture aux minorités.

Parmi les partenaires progressistes les plus importants avec qui le Mrax n’entretient quasiment pas de relations, il y a les organisations syndicales. Celles-ci sont pourtant des partenaires incontournables, notamment en matière de lutte contre les discriminations à l’emploi. À titre d’illustration, voici une proposition évoquée lors d'une réunion du CA : afin d'alimenter les fonds propres de l’association, il a été imaginé de proposer aux entreprises des prestations de consultance en matière de diversité. Plutôt que de mettre en œuvre avec les syndicats l’obligation faite aux employeurs de ne pas discriminer, y compris en leur imposant des contraintes fortes, ce projet proposera des mesures symboliques sans effet, à l’image des chartes de la diversité.

Un autre exemple est donné par le communiqué de presse du mois de décembre dernier que le Mrax a diffusé à propos de la publication des origines des candidates du concours Miss Belgique. J’avais alors demandé qu’une mention soit rédigée sur le caractère profondément sexiste et dégradant de ce concours, mais le CA a rétorqué que cela ne correspondait pas à l’objet de l’association. Quelle cohérence cela a-t-il pourtant de refuser d’enfermer les minorités dans des préjugés racistes en vue de les exploiter, tout en acceptant d’enfermer les femmes dans des préjugés sexistes pour les exploiter tout autant ? Doit-on en conclure qu’il existe des formes plus acceptables de domination ?

Ces positions illustrent à quel point la convergence des luttes sociales ne fait pas partie des options stratégiques dans lesquelles le CA actuel est en train de s’engager.

En dehors des divergences politiques, je voudrais insister sur les dysfonctionnements internes.

Dysfonctionnements au niveau du CA

Le fonctionnement du CA actuel est réellement problématique. Des prérogatives essentielles d’un administrateur, comme celle de pouvoir mettre n’importe quel point à l’ordre du jour, ne sont même plus respectées. Comme je l’ai évoqué plus haut, j’ai par exemple demandé qu’un point soit mis à l’ordre du jour suite à la position exprimée par les membres actifs du Groupe de Travail « Gens du voyage ». Plusieurs mois se sont écoulés, et finalement, la ministre a divulgué publiquement sa proposition sans que l’avis du GT n'ait été discuté. Le GT Gens du voyage a d’ailleurs fini par se dissoudre dans l’indifférence générale du CA, probablement parce qu'il s’agissait d’un des rares GT bénéficiant d’une certaine autonomie.

Le CA et le bureau, qui en est une émanation directe en charge de la gestion journalière, ne remplissent plus leur rôle politique. Ainsi, le communiqué de presse que le MRAX a diffusé récemment à propos des événements islamophobes autour de la future mosquée de Lodelinsart n’a pas été approuvé par l’organe compétent, à savoir l’ensemble du bureau. Plus précisément, le directeur a envoyé une proposition de communiqué par courriel qui devait être approuvée… dans le quart d’heure avant d’être envoyée, manière de faire justifiée par l’urgence. Le problème est que l’urgence est devenue le seul mode de fonctionnement du Mrax.

Les crises que le Mrax a connues, dues en partie à des dysfonctionnements du CA, ont provoqué cet état d’urgence permanent qui justifie l’absence de concertation, de débats et d’autocritique au nom de la survie de l’association. Un exemple parmi d’autres : une réunion mensuelle du Conseil d’ Administration a été annulée en novembre 2010, sous prétexte que nous devions atteindre notre quota d’heures d’éducation permanente avant la fin de l’année (heureusement atteint en 2010, grâce à la volonté et l’énergie déployée par deux administrateurs, dont l’actuel directeur).

Et plus fondamentalement, à l’heure actuelle, les axes programmatiques et la ligne politique n’ont toujours pas été définis alors qu’il s’agit d’une tâche primordiale que le CA est le seul à pouvoir légitimement mener. Ces discussions sont d’autant plus essentielles que la moitié des membres du bureau n’avaient quasiment pas d’expérience au sein de l’association avant d’être élus.

Suite à la perte de nombreux subsides, le Mrax se trouve actuellement dans une situation financière extrêmement délicate. À de nombreuses reprises, j’ai demandé qu’un plan d’action soit pensé pour y remédier et trouver une solution. À ce jour, rien n’a été fait (ou peut-être que tout a déjà été fait mais sans que nous en soyons informés), mais il a été promis que tout serait prêt pour l’Assemblée Générale de juin.

Les méthodes d’intimidation

Bien évidemment, les situations d’urgence requièrent un bouc-émissaire, un ennemi à contenir qui justifierait toutes les mesures autoritaires au nom de la sauvegarde de « la cause ». Tous ceux et toutes celles qui expriment des points de vue divergents par rapport à la doxa (y compris parfois sur des détails pratico-pratique) deviennent systématiquement des adversaires. Beaucoup de personnes liées à l’association en ont fait les frais par le passé. Mais les choses ne s’arrêtent pas là, certaines méthodes employées à mon égard sont particulièrement détestables : c’est ainsi que j'ai été qualifiée par certains d’hystérique dont le comportement ne serait dicté que par ses émotions et ses angoisses. Plus grave, comme conclusion d’une réunion de CA au mois de décembre, lorsque je dénonçais dans l’indifférence générale certains manquements graves (relégués au point divers de l’ordre du jour !!) à l’origine de ma prise de distance avec le CA-notamment sur les absences de réunion de CA en novembre, de consultation du bureau pour le choix des thèmes de discussion au sein des G.T. pilotés par le président sortant et de discussions en interne sur les recommandations des Assises de l'Interculturalité,- j’ai eu droit à ces paroles glaçantes : « Tu essaies d’exister, mais en vain »

Et pour tenter de me faire taire, une technique particulièrement perverse a même été un moment imaginée : la méthode du « binôme ». Cela consiste à réunir certains administrateurs par groupe de deux, dont un seul peut s’exprimer au nom du binôme, me privant ainsi de tout moyen d’expression, sous prétexte de retrouver le calme au sein du bureau ! C’est ainsi qu’on a voulu me réduire à l’état de potiche…..

Ces propos, ces attitudes violentes et sexistes visent à discréditer ma position critique vis-à-vis du travail du CA et de la direction, à m’isoler, en jouant entre autres, sur les préjugés qui collent aux femmes, d’autant plus qu’il n’y en avait que deux au CA.

Les rapports de force cèdent la place à la réflexion collective

Pourtant, les critiques et propositions que j'émettais, visant à renforcer la force de frappe de notre mouvement, étaient généralement partagées par des administrateurs comme il apparaissait lors de discussions tenues en privé. J’ai même été à de nombreuses reprises encouragée à maintenir mes positions critiques. L'un d'entre eux m'a même dit : « il faut que tu restes, sinon il n'y aura plus personne pour résister ».

Et le problème est bien là : face à cette gestion dans l'urgence imposée à tous les échelons de l’association, face à l’impérative nécessité de remplir le cadre dirigeant, le CA ne mesurant pas correctement la portée de sa décision, s’est mis en situation de démission virtuelle en cédant une grande partie des ses pouvoirs au directeur engagé mi-février 2011.

Depuis la nomination de la nouvelle direction, la plupart des décisions importantes (non-remplacement du personnel professionnel indispensable, plan financier, opportunité des réactions politiques) sont au bout du compte, prises par elle sans plus tenir compte des recommandations du CA. La direction veut tout contrôler, imposer son rythme de travail et même administrer… les administrateurs. Un exemple concret : face à l’opacité des informations qui nous ont été fournies concernant un subside, j’ai décidé, en tant qu’administratrice, de me renseigner directement auprès du pouvoir subsidiant, ce qui s’est d’ailleurs révélé utile et devrait nous inciter à procéder à des changements d’option. Résultat : j’ai été accusée « de sabotage comparable à certains travailleurs qui parasitent ».

Quant aux décisions prises ensemble, elles ne sont pas appliquées dans les délais convenus (état des lieux financier et carte blanche). Le comble c'est qu'aucun procès-verbal n'a été approuvé par les administrateurs actuels depuis leur entrée en fonction en juin 2010 car en attente de relecture par le directeur (certains n'ont toujours pas été rédigés).

Cette vision messianique de son propre rôle, le directeur – ancien Président du CA- l’a exprimée explicitement dans un échange de mail qu’un ancien administrateur a divulgué il y a quelques mois : « Vous ne devez pas me suivre seulement sur les points politiques… vous devez également me soutenir sur les rapports de pouvoir… car les deux sont intimement liés ». Aujourd’hui, la réflexion collective et le travail autour d'enjeux idéologiques et politiques ont fait place aux rapports de pouvoir.

Et alors qu’objectivement la situation du Mrax s’est très fortement détériorée à tous les niveaux, le CA a mis en place des mécanismes de défense psychologique qui consistent à s’autocongratuler systématiquement du travail accompli, parfois dans des dimensions complètement absurdes (paiement d’un salaire, envoi d’un courrier, etc.)

Pas de second souffle sans une profonde remise en question

À ce stade, deux questions se posent légitimement : quelle est la nécessité d’une telle analyse critique et pourquoi la faire maintenant après mes 5 ans d’engagement au CA ?

Tout d’abord, il ne s’agit pas de renier mon engagement, ni les actions et prises de position du Mrax durant toutes ces années. J’assume entièrement les actions – positives et négatives – qui y ont été menées. Plus précisément, mon jugement s’est toujours basé sur la balance entre la pertinence de l’action politique du Mrax et les dysfonctionnements internes.

Durant les premières années, le bilan politique de l’association était positif. Le Mrax était dynamique, bénéficiait encore d’un réseau influent et prenait des positions fortes et pertinentes. À l’interne, le fonctionnement était loin d’être parfait, mais un équilibre s’était installé au sein du CA après une longue période de troubles.

Toutefois, cet équilibre a été rompu du fait de la volonté de certains administrateurs de dominer le Conseil d’Administration : les leçons du passé n’ont pas été tirées. Aucun mouvement ne peut pourtant faire l’économie de son autocritique : nos pires adversaires ne sont pas les populistes, mais notre propre vanité. De très fortes tensions sont donc réapparues, les départs fracassants se sont succédés au CA et au bureau, des grèves inédites ont été mises en œuvre (celles-ci mêlaient des revendications syndicales légitimes à de la diffamation et à des attaques contre le projet politique du CA). L’aigreur de certains les ont conduit à conclure des alliances malsaines avec de notoires populistes xénophobes pour tenter de décrédibiliser le Mrax. Les Assemblées Générales étaient systématiquement mouvementées. Quand les médias parlaient du Mrax, ce n’était plus pour exposer un point de vue antiraciste, c’était pour montrer le chaos qui y régnait.

Près de 2 ans après, le Mrax ne s’en est toujours pas relevé.

Le pluralisme, garant de l'esprit critique

Ma thèse est la suivante : tant que le Mrax n’aura pas retrouvé un véritable pluralisme, il sera incapable de se relever et de faire avancer le mouvement antiraciste. Ce que j’entends par pluralisme ce n’est pas qu’un membre de chaque parti politique fasse partie du CA. Ce n’est pas non plus le pluralisme multi couleurs revendiqué par le CA actuel. Le pluralisme dont je parle est celui qui, au sein d’une conception générale de l’antiracisme qui fait consensus, permet l’expression et la prise en compte des multiples stratégies possibles, des multiples alliances possibles, des multiples vécus du racisme possibles, etc. Le pluralisme est un garant de l’esprit critique car il permet la confrontation des idées, la remise en question permanente des stratégies en vue de les rectifier et de les rendre au final plus pertinentes.

Si j’ai décidé d’exposer les dysfonctionnements du CA, c’est pour démontrer à quel point ce manque de vision politique a abouti à des stratégies aberrantes qui menacent l’indépendance du Mrax et ne permettent plus une lutte efficace contre le racisme et les discriminations. Les éléments que j’ai livrés devraient permettre de nourrir les réflexions des administrateurs, membres et sympathisants sur le diagnostic de l’état du Mrax et de tenter de trouver les solutions à apporter pour relancer le mouvement.

Un mouvement en équilibre instable

J’avais hésité à présenter ma candidature, lors des élections de l’assemblée générale statutaire de juin 2010, vu les défections et la manière dont la composition du futur CA avait été « pensée ». Mais comme le mouvement risquait de s’écrouler faute de directeur et de comptable compétents, j’ai continué à assurer de plein gré, jusqu'à la prise de fonction du directeur mi février 2011, le travail administratif, financier et de gestion du personnel que j’avais accompli pendant de longs mois auparavant. Pour ce faire, j’ai pris conseil et consulté systématiquement le secrétariat social, son service juridique, la fiduciaire, le service éducation permanente de la communauté française, la Fesefa, Actiris, etc. Je n'engageais jamais l'association sans avoir été mandatée par les membres du CA. Ce travail quotidien était soutenu par les conseils d’un administrateur remarquable qui a quitté notre mouvement en juin dernier : Hamel Puissant. Si cette méthode de travail avait été maintenue, le Mrax ne serait sans doute pas aujourd'hui sous la menace d'un nouveau conflit syndical.

J’ai dû cependant me rendre à l’évidence très rapidement que j’étais réduite à assumer une position minoritaire et perdais petit à petit ma capacité d’influence au sein du CA. Mon découragement fut tel que j’ai été contrainte d’adresser un premier signe au CA remettant en cause mon engagement en son sein début novembre 2010. Le CA n’a voulu entendre ni mes critiques, ni mes propositions (décrites comme des «états d’âmes ») qui n’y ont d’ailleurs jamais été discutées jusqu’à présent! J’ai quand même « tenu » car chevillée à cette précieuse association -issue de la résistance aux persécutions nazies- encouragée par diverses personnes dont un ancien administrateur, fidèle ami du Mrax, Jean Marie Faux et par le soutien sans faille de mon compagnon de vie , membre effectif du Mrax.

Encore lors de ma nomination toute récente en tant que vice-présidente du CA, j’avais sincèrement l’espoir de communiquer mon expérience à la nouvelle présidence élue et de tirer avec elle les leçons du passé afin de trouver ensemble une voie nouvelle pour le Mrax.

Si j’ai choisi de partir maintenant, c’est après avoir tenté de maintenir un équilibre au sein du CA. Tant qu’il était possible de maintenir le débat vivant et une réflexion collective, j’estimais que ma présence au CA du Mrax avait encore un sens et que les choses pouvaient s’améliorer.

Quelles perspectives d’avenir pour le mouvement antiraciste ?

Peut-être qu’une des leçons à tirer de la crise au Mrax est que la lutte antiraciste ne passe pas nécessairement par le monopole d’une seule association. Bien qu’étant la plus ancienne, le Mrax n’est certainement pas la principale association antiraciste en Belgique. Même si depuis 2004 le Mrax s’est beaucoup rapproché des milieux populaires, notamment à travers les activités d’éducation permanente, pour les sensibiliser à l’antiracisme, d’autres associations s’y sont déjà fortement attelées, et souvent de manière plus étendue.

Une des perspectives qui pourrait dès lors être envisageable, serait de s’investir dans d’autres associations, mouvements et organisations progressistes afin de contribuer à l’émergence un peu partout d’un antiracisme offensif, solidaire et qui prône l’émancipation. Ainsi, nous sortirions de la logique d’isolement dans laquelle se trouve actuellement le Mrax.

Une autre perspective, complémentaire, serait d’aider à l’émergence d’associations représentatives des minorités discriminées afin qu’elles jouent un rôle de premier plan dans les luttes antiracistes. À ce titre, la mise en place d’un forum des minorités, tel qu’il en existe en Flandre ou dans d’autres pays, serait peut être une opportunité pour unir les luttes.

Toutes ces associations et ces mouvements devraient enfin être mis en réseau pour assurer la convergence des luttes et la solidarité dans l’égalité. Et le Mrax aurait assurément sa place dans un tel réseau.

Conclusion et Requête

Aujourd'hui, continuer à assumer mes fonctions au sein du Conseil d'Administration reviendrait à cautionner ses mauvaises pratiques. Je n'ai donc pas d'autres choix que de donner ma démission.

Je quitte donc le CA du Mrax avec déception et tristesse car je reste persuadée qu’un Mrax vivant et pluraliste est un outil percutant pour lutter contre le racisme et pour l’égalité.Dans cet esprit, je demande qu’un vrai débat ait lieu avec les membres lors de l’assemblée générale de juin 2011, sur les questions principales que je pose dans ce courrier ainsi que sur l’avenir de l’association, notamment au niveau de sa structure. J’espère qu’une discussion honnête et conséquente aura lieu entre temps au sein du CA.

Je reste bien entendu membre effective du Mrax et poursuis le combat de féministe antiraciste que je mène depuis trente ans déjà.

Je tiens enfin à exprimer tout mon respect envers ceux qui, parmi les ex- administrateurs, travailleurs et membres du Mrax, ont pris ou prennent le parti contre vents et marées, avec loyauté, dévouement et efficacité, de servir la cause des victimes de discrimination en leur rendant leur dignité.

Veuillez accepter Monsieur le Président du CA, chère administratrice, chers administrateurs, l’expression de ma considération.

Elisabeth COHEN

Membre du MRAX depuis 1998

Membre effective depuis 2000

Administratrice de 2000 à 2004 et de 2006 à ce jour.

lundi, février 28, 2011

Le système Poutine

And the winner is…

Après six mois ( !) d’un processus de recrutement qui a vu défiler des dizaines de candidat-e-s de très grande qualité, le comité de sélection présidé par Radouane Bouhlal a le plaisir de vous communiquer (le plus discrètement possible) le nom du nouveau directeur du MRAX : l’heureux élu s’appelle… Radouane Bouhlal. Une pensée émue pour les employé-e-s du MRAX, et aussi pour tous les malheureux sollicitant-e-s qui ont perdu leur temps dans cette ultime guignolade.


C'est ubuesque : le président du MRAX devient le directeur du MRAX !


Contraint d'avoir annoncé sa démission en tant que président, Radouane BOUHLAL, a également dû récemment renoncer au poste d'Administrateur-délégué (rémunéré). Tout avait pourtant été mis en place, à commencer par les aménagements des Statuts et du Règlement d'Ordre Intérieur. Mais la manoeuvre s'est finalement avérée trop flagrante et les prévisions budgétaires de l'asbl étant de plus en plus fragiles, il devenait risqué que la Communauté française lui refuse de financer ce nouveau poste d'Administrateur-délégué sur ses subsides. L' ex-président, et ex-futur administrateur-délégué, a donc dû se résoudre à prendre le poste de directeur. Ce qui explique pourquoi le dernier directeur en poste (Jean Wantier) avait été précipitamment licencié.

En réalité, cela faisait bientôt 7 ans que Radouane Bouhlal lorgnait sur le poste de directeur du MRAX. Déjà en 2004, à peine devenu président (titre honorifique alors q'il était lui-même au chômage), et après avoir poussé dehors Carole Grandjean, il avait bien failli reprendre son poste de directeur. Mais même ses amis de l'époque le lui avait déconseillé, tant l'opération aurait déjà paru louche. Pourtant, durant les années qui suivirent, il n'abandonna pas ce projet; raison pour laquelle il n'entama jamais une carrière professionnelle. Après être parvenu à éjecter un deuxième directeur (Didier De Laveleye), il réalisa que son rêve lui était tout à coup devenu inaccessible : le poste de directeur du MRAX est sous statut ACS, statut qu'il avait perdu depuis qu'il était engagé à Ecores ! Lui vint alors l'idée de créer un nouveau poste au MRAX qui soit au dessus de celui de directeur, mais qui soit également rémunéré : Administrateur-délégué ! Et il lança une grande réforme des Statuts et du Règlement d'Ordre Intérieur, afin de rendre son rêve possible. Hélas, entre-temps, l'horizon budgétaire de l'asbl s'étant assombri, cette piste devenait hasardeuse. Il se fit alors virer lui-même de son job (afin de récupérer son statut ACS) et éjecta un troisième directeur... (J.W.). Et voilà, il y est enfin arrivé ! Bravo !

samedi, février 05, 2011

In memoraim + 7 !!

Entre fin 2010 et début 2011, une nouvelle série d'employés ont encore été poussés vers la sortie ou se sont enfuis du MRAX...

A ce jour, 26 employés (sur un total de 13 seulement !) ont été licenciés du MRAX ou s'en sont enfuis, depuis l'accession de Radouane Bouhlal à la présidence...
Soit un turn-over de 200% !! :

Carole GRANDJEAN, directrice, démissionnaire après avoir dénoncé le harcèlement (2004)
Marie Van KEIRSBILCK, directrice adjointe, démissionnaire, idem (2005)
Pierre-Arnaud PERROUTY, juriste, démissionnaire (2005)
Marianne GRATIA, juriste, démissionnaire (2005)
Omar BERGALLOU, animateur, démissionnaire (2005)
Karim CHERRADI, communication, démissionnaire (2005)
Luc MALGHEM, communication, plainte pour harcèlement moral, licencié (2006)
Aurélie LEROY, communication, licenciée (2006)
Christophe DELANGHE, juriste, pause carrière puis démissionaire (2008)
Marco PAULSEN, animation, démissionnaire (2008)
Mohcine BAYNA, juriste, démissionnaire (2009)
Gino EBWELE, directeur adjoint, licencié (2009)
Innocent HIGIRO, gestionnaire administratif et financier, démissionnaire (2009)
Patricia MATABISI, webmestre, démissionnaire (2008)
Erdem RESNE, chargé de communication, démissionnaire (2009)
Aïcha AYARI, animation, plainte pour harcèlement moral, contrat non reconduit (2009)
Laela GHOZZI, animation, licenciée (2009)
Didier de LAVELEYE, directeur, plainte pour harcèlement moral, licencié pour faute grave (2009)
Emilie Van LAER, juriste, licenciée (2009)
Concessa MUNYANKINDI, directrice adjointe - responsable de la gestion, démissionnaire (2010)
Eleni VALASSIDIS, secrétariat, démissionnaire (2010)
Jean WANTIEZ, directeur, licencié (2010)
Mahiedine BELAADA, juriste, licencié (2010) (new)
Serdar BEYAZIPEK, animation, licencié (2011) (new)
Nadia FRINKA, animation, démissionaire (2011) (new)
Felix NICOLAÏ, formation, démissionaire (2011) (new)

Aux suivants !...

dimanche, août 29, 2010

In memoriam +3

Et ça continue..


Dernières nouvelles du Front, pardon, du MRAX: Jean Wantiez, devenu directeur après le licenciement fracassant du précédent, est lui-même licencié six mois à peine après son entrée en fonction.

Il se chuchote dans les couloirs de l'officine que le président du MRAX, Radouane Bouhlal, qui aurait été lui-même viré de son propre boulot à Ecores, engagerait volontiers... Radouane Bouhlal comme administrateur délégué et se rémunèrerait sur le poste de directeur du MRAX ainsi dégagé.

Du bon usage de l'argent public...



A ce jour,
22 employés ont été licenciés du MRAX ou s'en sont enfuis, depuis l'accession de Radouane Bouhlal à la présidence...

  • Carole GRANDJEAN, directrice, démissionnaire (2004)
  • Marie Van KEIRSBILCK, directrice adjointe, démissionnaire (2005)
  • Pierre-Arnaud PERROUTY, juriste, démissionnaire (2005)
  • Marianne GRATIA, juriste, démissionnaire (2005)
  • Omar BERGALLOU, animateur, démissionnaire (2005)
  • Karim CHERRADI, communication, démissionnaire (2005)
  • Luc MALGHEM, communication, plainte pour harcèlement moral, licencié (2006)
  • Aurélie LEROY, communication, licenciée (2006)
  • Christophe DELANGHE, juriste, pause carrière (2008)
  • Marco PAULSEN, animation, démissionnaire (2008)
  • Mohcine BAYNA, juriste, démissionnaire (2009)
  • Gino EBWELE, directeur adjoint, licencié (2009)
  • Innocent HIGIRO, gestionnaire administratif et financier, démissionnaire (2009)
  • Patricia MATABISI, webmestre, démissionnaire (2008)
  • Erdem RESNE, chargé de communication, démissionnaire (2009)
  • Aïcha AYARI, animation, plainte pour harcèlement moral, contrat non reconduit (2009)
  • Laela GHOZZI, animation, licenciée (2009)
  • Didier de LAVELEYE, directeur, plainte pour harcèlement moral, licencié pour faute grave (2009)
  • Emilie Van LAER, juriste, licenciée (2009)
  • Concessa MUNYANKINDI, directrice adjointe, démissionnaire (2010) (new)
  • Eleni VALASSIDIS, gestionnaire, démissionnaire (2010) (new)
  • Jean WANTIEZ, directeur, licencié (2010) (new)
Au suivant...

lundi, janvier 04, 2010

In memoriam

Récemment licenciée après s'être exprimée lors de la dernière AG, Emilie Van Laer n'est jamais que la 19e employée à être licenciée du MRAX ou à s'en enfuir, depuis l'accession de Radouane Bouhlal à la présidence, il y a cinq ans.

  • Carole GRANDJEAN, directrice, démissionnaire (2004)
  • Marie Van KEIRSBILCK, directrice adjointe, démissionnaire (2005)
  • Pierre-Arnaud PERROUTY, juriste, démissionnaire (2005)
  • Marianne GRATIA, juriste, démissionnaire (2005)
  • Omar BERGALLOU, animateur, démissionnaire (2005)
  • Karim CHERRADI, communication, démissionnaire (2005)
  • Luc MALGHEM, communication, plainte pour harcèlement moral, licencié (2006)
  • Aurélie LEROY, communication, licenciée (2006)
  • Christophe DELANGHE, juriste, pause carrière (2008)
  • Marco PAULSEN, animation, démissionnaire (2008)
  • Mohcine BAYNA, juriste, démissionnaire (2009)
  • Gino EBWELE, directeur adjoint, licencié (2009)
  • Innocent HIGIRO, gestionnaire administratif et financier, démissionnaire (2009)
  • Patricia MATABISI, webmestre, démissionnaire (2008)
  • Erdem RESNE, chargé de communication, démissionnaire (2009)
  • Aïcha AYARI, animation, plainte pour harcèlement moral, contrat non reconduit (2009)
  • Laela GHOZZI, animation, licenciée (2009)
  • Didier de LAVELEYE, directeur, plainte pour harcèlement moral, licencié pour faute grave (2009)
  • Emilie Van LAER, juriste, licenciée (2009)
  • ??? (2010)
11 administrateurs ont également quitté leur poste en cours de mandat.

  • Paul DAHAN, administrateur, démissionnaire (2005)
  • Rajae ESSEFIANI, administratrice, démissionnaire (2005)
  • Zakia KHATTABI, administratrice, démissionnaire (2006)
  • Bernard HENGCHEN, administrateur, démissionnaire (2007)
  • Abderrahmane CHERRADI, administrateur, démissionnaire (2008)
  • France BLANMAILLAND, administratrice démissionnaire (2009)
  • Michel STASZEWSKI, administrateur, démissionnaire (2009)
  • François De SMET, administrateur, démissionnaire (2009)
  • Nordine SAÏDI, administrateur, exclu du Bureau (2009)
  • Abdullah MOHAMMAD, administrateur, démissionnaire (2009)
  • Fatima AHALLOUCH, administratrice (locale de Mouscron), démissionnaire (2009)
Soit 30 départs bon gré mal gré en cinq ans. Un turn-over hallucinant pour une association occupant 12 équivalents plein-temps. Qui seront les suivants?


jeudi, décembre 24, 2009

Joyeux Noël, Emilie !

[Emilie V. est une jeune juriste qui travaille au MRAX depuis août 2009. Lors de la dernière assemblée générale extraordinaire, elle a eu le courage de prendre les trois minutes qui lui ont été concédées pour dénoncer d'importants disfonctionnements (c'est un euphémisme), par exemple l’engagement financier important décidé dans l’optique assumée de « blanchir le Président » (citant ici un courrier de France Blanmailland, administratrice démissionnaire.) La veille de Noël, période propice aux licenciements qui ne font pas trop de bruit, Emilie V. a donc reçu son C4, sans un mot d’explication.]



Bruxelles, 23 décembre 2009

Virée... pour avoir osé protester ! La vérité dérange, et le MRAX dérape...

En cette période de fêtes, je reçois un recommandé daté du 17 décembre. Petite phrase lacunaire : « Le Conseil d’Administration du MRAX, ton employeur, te notifie par la présente sa décision de ne pas poursuivre davantage ta période d’essai. Par conséquent, le CA met fin à nos relations contractuelles moyennant un délai de préavis de sept jours calendriers (…) ».

Aucune évaluation n’a eu lieu.

Aucune explication préalable.

Aucun entretien, aucun avertissement.

Seul retour sur mon travail, ce sont les flatteries de Radouane à mon sujet lors du CA du 8 octobre, auquel j’assistais. Puis, plus rien.

Ayant travaillé et étant volontaire dans d’autres asbl, je réalise que cette façon de procéder est aberrante. Même en période d’essai, il est normal pour l’employeur d’au moins prévenir l’employé des raisons de son licenciement.

Au MRAX par contre, plus rien ne tient debout, plus rien ne se fait de façon rationnelle. Ce qui compte (et on me l’avait précisé lors de mon entretien d’embauche), c’est la LOYAUTE ENVERS LE CA. Ce n’est pas le fait que j’ai porté, dès mon arrivée en août, le bureau des plaintes à bout de bras, seule, mon collègue juriste étant malade.

Je suis arrivée au MRAX pleine de bonne volonté, sans connaître le conflit, sans connaître les membres du CA ni les permanents. J’ai essayé de ne pas me positionner dans le conflit.

Mais les faits seront rapidement très convaincants :

En septembre : Mon collègue Mahiedine revient de son congé de maladie. Par curiosité, je lui demande où en est le dossier du profilage ethnique à Schumann,(incidents de janvier). Il me dit qu’il y a travaillé avec Nordine pendant de nombreuses heures, qu’il a envoyé les courriers à Radouane en janvier-février. Il attendait l’accord du CA pour envoyer toutes les plaintes, mais il n’a jamais reçu de réponse. (voir par rapport à ça le témoignage accablant de Nordine Saïdi, membre du CA, sur http://parlemento.wordpress.com/). Mahiedine me transmet les différents courriers et emails rédigés en janvier-février et les rappels envoyés à Radouane et au CA par après.

Le 8 octobre, j’assiste à la réunion du Conseil d’Administration. Nordine demande à Radouane où en sont les plaintes pour Schumann. Radouane répond « Mahiedine n’a rien fait, ce sera la première tâche du nouveau juriste ». Je suis évidemment effarée de ce mensonge qui se fait sans ciller.

C’est cet événement qui m’a ouvert les yeux sur la manipulation et les mensonges faciles émanant de tous les membres du Conseil d’Administration. D’autres incidents ne font que confirmer ce sentiment. Les insultes de Radouane à l’encontre de Didier (« sale connard »), le désintérêt complet par rapport à mon travail, le désintérêt pour des plaintes importantes (l’affaire Adecco [1], les violences policières, …), l’engagement controversé du nouveau juriste, le refus de m’accorder une formation, …

A l’AG du 1er décembre, je n’arrive pas à me taire car cette situation réveille en moi un sentiment de révolte. Je sais que je risque gros. Mais pour moi, la liberté d’expression, la justice et la vérité sont des valeurs plus importantes qu’un contrat de travail. Sans beaucoup d’étonnement mais avec beaucoup de tristesse, je reçois cette semaine ce recommandé avec mon licenciement.

Sans parler de ce qui arrive à mes collègues, ni de la gestion et communication en général, qui sont catastrophiques. Cela est au mieux la conséquence d’une claire incompétence de la part des membres du Bureau à gérer une asbl, au pire le reflet d’intérêts personnels manipulateurs déconnectés de la réalité quotidienne du MRAX.

Triste pour le MRAX, triste pour le combat antiraciste, dont les permanents du MRAX sont les derniers véritables défendeurs.

Je souhaite beaucoup de courage à mes collègues.

Emilie Van Laer



[1] Dossier de discrimination important, où Adecco utilisait le code BBB – Blanc Bleu Belge – pour les annonces où ils ne cherchaient que des candidats « belgo-belges ».

Un ex-employé écrit à Hamel Puissant, secrétaire du MRAX

[Carlos Ramirez, un des plus anciens employés du MRAX, a pris sa pension il y a quelques mois. Il vit actuellement en Amérique du Sud.]

Hamel.

Je constate le rôle que tu joues maintenant au sein du Mrax, pas seulement dans ta confrontation avec les travailleurs (je sais très bien, que parfois, les travailleurs n’ont pas raison) mais le plus grave dans tout ça, c’est ton soutien á un sinistre personnage : Mr Radouane Bouhlal. Vraiment, tu es tombé bien bas. Plus bas impossible, c’est triste, surtout que pendant un certain temps tu t’étais déguisé en progressiste et moi j’ai cru en la sincérité de ton idéal communiste.

Radouane Bouhlal, les travailleurs ont découvert, il y a longtemps, qu’il est très proche de la fondation Hassan II. Hassan II répugnant personnage de l’histoire, tu dois le savoir, principal artifice de la marche verte qui a rendu possible l´annexion du Sahara occidental au Maroc, responsable d’une sanglante répression du peuple magrébin et au service des intérêts impérialistes en Afrique. En plus la Fondation Hassan II devait contrôler politiquement l’émigration magrébine.

Il a bien raison Mohamed Belmaïzi en s´adressant à Radouane Bouhlal: « tu défends l´Etat Marocain, qui est un Etat raciste contre les subsaharien, (en outre un Etat de non-droit) mais tu défends aussi le fascisme islamiste. Tu as tout détruit et aujourd´hui tu es ruiné. Tu n´as que ce tu mérites »

Toi-même tu as critiqué Radouane pour certaines de ses déclarations dans les médias. Le CA aurait dû à ce moment l’avoir mis à la porte.

Hamel, c’est regrettable que tu sois complice, en appuyant Radouane, de la fin du Mrax. Pire encore : avoir cosigné le licenciement de Didier.

Je ne sais pas ce tu que vas gagner, je pense de même pour Elizabeth, avec la fin du Mrax. Belle façon de passer dans l'histoire.

Ici en Amérique Latine de nombreux personnages (dictateurs) ont eu leur moment de gloire, aujourd´hui la plupart sont tombes dans la « poubelle » de l'histoire,

D´autres sont en prison. Personne ne va aller en prison, il ne faut pas exagérer, mais ce qui est sûr que tes ex camarades trotskistes vont te signaler comme un traître.

Bien à toi

Carlos Ramírez

Résumé des épisodes précédents

On peut aimer ou pas Bouhlal, jamais le Mrax n'a autant fait parler de lui. Quelques articles édifiants valent mieux qu'un long résumé.

Pour la suite: google. Plusieurs jours de lecture...

mercredi, décembre 23, 2009

Plus raciste que le Mrax, tu meurs !

Et pendant ce temps, du côté de l'ultra-droite, on sort le champagne... Merci qui?


lundi, novembre 30, 2009

Le système Bouhlal

Un rapport sur "les problèmes de gouvernance au MRAX", rédigé par l'ancienne direction licenciée, révèle le système mis en place par Radouane Bouhlal pour noyauter toute une organisation de travail et la mettre sous son contrôle personnel.
Ce texte, écrit très sobrement à première vue, démontre en réalité comment le président du MRAX a fini par paralyser toute l'organisation de travail pour la mettre à sa botte.

Rapport_Gouvernance_MRAX.pdf

Peut-on encore sauver le Mrax ?

Carte blanche (Le Soir Lundi 30 novembre 2009)

Les signataires sont membres du Mrax et y sont ou y ont été actifs (1)


Le Mrax (Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie) vit une crise sans précédent. Cette association, vieille de plus de soixante ans, qui fut le pilier de la lutte antiraciste en Belgique, a perdu sa légitimité aux yeux d’une part grandissante de la société civile. Manque d’éthique, déclin du pluralisme, dérive communautaire et gestion antidémocratique du mouvement résument les principales critiques qui lui sont adressées aujourd’hui. Certains annoncent déjà la fin de cette association en raison de son caractère jugé néfaste ou inutile, tandis que d’autres – dont nous sommes – soulignent l’importance de préserver un mouvement antiraciste fort, pluraliste et indépendant face la réalité du racisme et des discriminations en Belgique. Toutefois, pour vouloir sauver le Mrax, encore faudrait-il que ce dernier ne se dérobe pas face aux accusations dont il fait l’objet à tort ou à raison. Car si certaines attaques portées par quelques trublions de la politique sont clairement infondées, d’autres méritent toute notre attention.

– Manque d’éthique et inadéquation avec les valeurs de l’antiracisme
Un mouvement antiraciste fort et légitime se doit d’être irréprochable sur le plan éthique. Son mode de fonctionnement interne doit pouvoir refléter les valeurs qu’il prétend défendre et ne peut donc être considéré comme une affaire de seconde importance, qui ne regarderait que ses membres et son personnel. Pour pouvoir garantir publiquement son indépendance, sa force et sa légitimité, le mouvement antiraciste doit donc fonctionner de manière totalement transparente et ne pas réserver ses valeurs démocratiques à sa seule communication externe. Car, quel crédit peut-on encore accorder à une association qui, sous le feu des médias, condamne notamment les discriminations à l’embauche, alors qu’en interne les syndicats témoignent d’une iniquité dans le recrutement du personnel et dénoncent des pratiques de harcèlement moral ? De même, que penser de la sincérité des décisions de son conseil d’administration qui, alors qu’il est alerté en interne depuis de longs mois que l’un des leurs aurait diffusé des documents considérés antisémites, attend de subir des pressions externes avant d’agir ?

– Déni de démocratie interne
Un mouvement antiraciste fort et légitime, se doit d’être un modèle de démocratie. Et pour un antiraciste, la démocratie doit toujours veiller à rassembler. Elle ne peut donc être conçue comme une dictature de la majorité sur ses minorités. Ni d’une minorité sur les autres. Pourtant, depuis l’élection de Radouane Bouhlal à la présidence de l’association en 2004, quand débuta la crise actuelle, de nombreux membres et travailleurs n’ont cessé de dénoncer un manque de transparence, de concertation et de dialogue avec toutes les composantes et sensibilités de l’Assemblée générale. Face à cette incapacité manifeste à rassembler autant ses membres que les travailleurs, celles et ceux qui ne partageaient pas les vues du sommet ont peu à peu été éliminés ou ont fini par se lasser des conflits et ont démissionné. Parallèlement, on imposa (contre l’avis de son directeur) une gestion de plus en plus autoritaire du personnel en refusant tout esprit de concertation dans les prises de décision et en s’obstinant à vouloir exclure également les travailleurs de l’Assemblée générale afin de les empêcher de participer aux débats d’orientation. Comme si cela ne suffisait pas, on a poursuivi cette entreprise de sape de la démocratie interne du Mouvement, en recrutant à tour de bras de nouveaux membres dans l’entourage proche du président en vue d’assurer sa réélection. Dans une association largement fondée sur l’engagement militant, un tel mode de fonctionnement ne permet nullement de refléter et d’enrichir les passionnants débats animant le milieu de l’antiracisme, et ne peut que nuire aux motivations et à l’efficacité de ses membres et de ses travailleurs.

– Instrumentalisation de l’antiracisme et déclin du pluralisme
Un mouvement antiraciste fort et légitime, se doit d’être ouvert et pluraliste. Or la diversité interne du Mrax est clairement menacée. Son conseil d’administration clame aujourd’hui qu’il est (devenu) un mouvement qui rassemblerait toutes les victimes de discrimination en vue de les défendre. En réalité, il n’y a que quelques victimes seulement qui s’y font entendre, en particulier celles qui sont les mieux représentées au sein de l’association, et qui orientent les actions et positions du Mouvement. De ce fait, une approche syndicale de l’antiracisme conduit le Mrax à négliger d’autres formes de racisme et de discrimination, à commencer par celles qui touchent les publics les plus fragilisés, dont les sans-papiers ou les gens du voyage. Loin de nous l’idée de remettre ici en cause la légitimité de certaines orientations du Mrax qui font parfois écho à des revendications communautaires spécifiques, comme le droit à porter ou ne pas porter un insigne religieux à l’école par exemple.Mais si le mouvement antiraciste peut juger nécessaire d’accompagner l’une ou l’autre minorité en vue de s’assurer qu’elle bénéficie d’un traitement équitable (en défendant le principe des accommodements raisonnables par exemple), son rôle n’est pas de se substituer à ces mêmes minorités. Non seulement cette approche ne peut ni éviter l’exacerbation du sentiment victimaire, ni l’instrumentalisation de l’antiracisme par des intérêts particuliers. Mais surtout, cela amène finalement le Mrax à délaisser l’objectif primordial de l’antiracisme, qui est de rechercher à rassembler et à contribuer positivement au mieux vivre ensemble dans une société multiculturelle.

– Peut-on encore sauver le Mrax ?
Ce mardi 1er décembre, une Assemblée générale extraordinaire a été convoquée à l’initiative de quelques membres favorables à l’actuel Conseil d’administration et à son président Radouane Bouhlal. Il y sera question de maintenir ou non à la tête du Mouvement le président et les quelques administrateurs qui n’ont pas démissionné. S’ils obtiennent la confiance de l’Assemblée, tout indique que le mode de gouvernance qu’ils ont adopté et que nous jugeons néfaste, sera maintenu. Le Mrax s’enfoncera plus encore dans la tourmente et perdra le peu de légitimité qui lui reste à l’extérieur.
Si, au contraire, une majorité de membres refusent, comme nous, de les soutenir davantage, un long travail de reconstruction, associant toutes les composantes du Mrax, pourra alors être entamé en vue de rétablir une vision positive, pluraliste et fédératrice de l’antiracisme. Gageons que l’unité l’emportera sur l’éclatement.

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(1) Tous les signataires de la présente Carte blanche sont ou ont été des militants actifs au Mrax :
Abderrahmane Cherradi (ancien vice-président et ancien secrétaire général), Didier de Laveleye (ancien directeur), Thérèse Frankfort (membre), Pablo Isla Villar (membre), Jean-Marie Leconte (ancien trésorier et ancien coordinateur), Léon Liebmann (membre), Luc Malghem (ancien webmaster), Nicole Mayer (ancienne administratrice et ancienne administratrice déléguée), Bayna Mohcine (ancien juriste), Marco Paulsen (ancien animateur), Carlos Ramírez (ancien animateur), Erdem Resne (ancien attaché de presse), Michel Staszewski (ancien administrateur), Marie-Marth Van Keirsbilck (ancienne directrice adjointe), Boris Wastiau (membre).
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L’Assemblée générale extraordinaire du MRAX se tiendra ce mardi 1/12/2009, de 18h30 à 21h30, au 29 rue Blanche, 1060 Bruxelles. Toute personne se mettant en ordre de cotisation a le droit d’y assister.

jeudi, octobre 22, 2009

Les employés du MRAX lancent un appel à l'aide...

Les employés du MRAX lancent un appel à l'aide... voici leur communiqué de ce 22 octobre 2009:
--
Communiqué de presse

AU SECOURS ! :
Despotisme, autocratie, zone de non droits... Voilà ce qu’est devenu le MRAX !


Le MRAX, Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobe, plus généralement, organisme de défense des droits humains, n’est-il pas en parfaite contradiction avec ses propres valeurs fondatrices ?
Dès l’accession de Radouane Bouhlal à la présidence (2004) le MRAX a connu, pour la première fois de son existence (60 ans), une série de grèves pour protester notamment contre la gestion abusive des ressources humaines (licenciement abusif, menace, pression, harcèlement moral…) et la volonté du président de faire des travailleurs de simples marionnettes.
Depuis plusieurs mois, la situation ne cesse de se détériorer, plusieurs activités cruciales sont menacées, la question de la survie financière de l’asbl est clairement posée et les travailleurs s’insurgent contre la dérive autoritaire et autocratique que subit actuellement le MRAX. C’est pourquoi, ils ont décidé, en front commun syndical CNE/SETCa, de porter le débat sur la place publique en observant un arrêt de travail ce vendredi 23 octobre 2009 à 11h afin d’alerter toutes les forces progressistes de la société et de réclamer une Assemblée générale extraordinaire –ouverte également aux anciens membres qui sont partis découragés, voire dégoûtés. Nous réclamons la mise à plat des graves problèmes de gestion qui mettent en péril notre emploi et l’avenir même de l’association.

Nous dénoncerons :
1. Non respect des sans-papiers
2. Un harcèlement moral généralisé
3. L’ingérence, le non respect des procédures et un fonctionnement antidémocratique
4. le népotisme
5. un climat interne désastreux
6. les démissions et licenciements en cascade
7. l’hyperpersonnalisation de la communication externe
8. une gestion approximative et un risque financier majeur

lire la suite...

Front commun syndical CNE SETCa
Représentant les travailleurs affiliés du MRAX

samedi, octobre 10, 2009

L'antiracisme en crise

Un article édifiant, paru dans la revue "Regards" du CCLJ:

L’antiracisme en crise
Le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (MRAX) est confronté à une crise identitaire depuis quelques années. Comment concilier la vision universaliste des intellectuels progressistes et les aspirations identitaires des jeunes issus de l’immigration ? Tel est le problème que le très controversé Président du MRAX ne parvient pas résoudre.

Lire la suite.

samedi, septembre 05, 2009

C'est toujours la crise au MRAX

Après la plainte du directeur contre son président Bouhlal pour harcèlement moral, après les démissions en cascade d'administrateurs, le remplacement de deux juristes, puis du gestionnaire administratif et financier,... on apprend que le directeur lui-même quitte le bateau. Tous ses gens auraient-ils enfin compris ? Le seul qui semble indéboulonnable, qui a réussi à éliminer celles et ceux qui refusent de le vénérer, c'est Bouhlal, le président.
Peut-être que, comme un parasite qui ronge sa victime de l'intérieur, la lente mise à mort de celle-ci annonce aussi le départ de son bourreau ?
A suivre.

samedi, juillet 04, 2009

Un Bloggeur bien informé

La valse des démissions et des licenciements continue. Suite notamment au licenciement du directeur (dans la discrétion la plus assourdissante), trois administrateurs claquent la porte. Exit France Blanmaillant, Michel Staszewski et François Desmet. Sur la démission de France Blanmaillant, lire le compte-rendu de Khalil Zeguendi, Bien joué Radouane Bouhlal, et surtout l'hilarante réponse d'Hamel Puissant, membre du bureau du Mrax: Ejectez Radouane Bouhlal: c'est de salut public...

mardi, septembre 04, 2007

Deux AG plutôt qu'une...

Comment s'emparer d'une association et contourner les statuts : adhésion massive et de dernière minute au Mrax. Lire la suite sur Bruxellois non peut-être

vendredi, mars 10, 2006

Communiqué - Le MRAX est en danger !

En soixante ans d'existence, le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Xénophobie a acquis un droit de regard sur ce qui se passe dans les centres fermés ; il peut aujourd'hui ester en justice, se poser en expert pour ce qui concerne les matières de racisme et d'exclusion, s'inviter dans les commissions et les sphères de concertations. Le MRAX a engrangé un capital sympathie et une force symbolique hors du commun. Nous ne pouvons nous permettre de laisser aller ce formidable outil de lutte à sa perte !

Aujourd'hui le Conseil d'Administration du MRAX exclut les membres du MRAX du débat de fond sur le MRAX. C'est un comble !

Malgré les demandes répétées des membres du MRAX et de ses employés, le Conseil d'Administration n'estime pas nécessaire d'avoir un débat ouvert devant l'Assemblée Générale concernant les dernières prises de position peu démocratiques du mouvement, pas plus qu'il n'estime nécessaire de débattre de sa neutralité perdue (du fait notamment de la participation du MRAX à des actions de propagande au bénéfice des autorités marocaines) et de la gestion calamiteuse des relations de travail avec le personnel.

Au lieu de cela, le Conseil propose d'organiser le 21 avril prochain, une réunion réservée aux membres effectifs, dont serait donc exclue la majorité des membres cotisants.

Nous, membres et sympathisants du MRAX, ne pouvons accepter que les débats fondamentaux sur le fonctionnement de l'organisation aient lieu hors des instances démocratiques prévues par les statuts.

Au mépris des nombreuses interpellations systématiquement restées sans réponses, il ne nous parait pas sérieux d'encore esquiver les prises de responsabilités nécessaires pour que le MRAX puisse continuer à fonctionner en accord avec ses principes et ses objectifs sociétaux.

C'est pourquoi nous irons à cette réunion pour manifester notre solidarité totale avec les employés du MRAX, et annoncer au Conseil d'Administration que nous ne participerons pas au débat sur le fond en dehors de l'Assemblée Générale, mais que nous exigeons que cette Assemblée soit convoquée dans les plus brefs délais.

Nous estimons légitime et indispensable que les membres puissent participer à une mise au point sur les principes directeurs du MRAX, qui, aux yeux d'une partie de plus en plus importante du mouvement antiraciste, ont trop souvent été mis à mal ses derniers mois par sa direction et son Conseil d'Administration.


Pour les amis du MRAX,
Mathieu Bietlot, Souhail Chichah, Nicole Mayer, Serge Noël, Nouria Ouali, Cédric Tolley

mercredi, février 22, 2006

Appel - Sauvons le MRAX!

Le Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie, est une référence historique importante dans le combat mené contre le racisme en Belgique.

La vigueur de l’extrême droite dans notre pays atteste que ce combat est loin d’être gagné. Force nous est aussi de constater la difficulté de poser un débat serein et prospectif sur des questions de racisme dans une cacophonie où l’anathème et le procès d’intention empêchent toute possibilité de réflexion de fond. Quant à la condition de nos concitoyens nouvellement arrivés, comme de celle des personnes d’origine subsaharienne ou des Roms, pour ne citer que ces deux populations, elles font, malgré des signaux extrêmement inquiétants, l’objet d’un silence assourdissant.

Plus globalement, les défis nouveaux posés par une mondialisation qui se décline également en tentations de repli identitaire et d’établissement de forteresses divisant l’humanité entre riches et pauvres sont des vecteurs virulents de contagion du racisme et de la xénophobie.

Dans ce corps à corps contre la peur ou la haine de l’Autre, chaque pas en retrait est un pas de trop. Aujourd’hui, c’est la perte de légitimité et de crédibilité d’un symbole important de la lutte antiraciste ainsi que la dislocation d’une association plus que jamais nécessaire que nous voulons empêcher.

En effet, la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie suppose d'une association et de ses militants d'avoir des valeurs et des principes forts et dénués de toute ambiguïté, comme elle exige des positions claires et cohérentes. C'est ce qui fonde sa crédibilité. Or aujourd'hui, le MRAX ne peut plus se prévaloir d'une position forte et sans ambiguïté. De même qu'il ne souffre aucune critique, tétanisé par la peur d'écorner l'image "idéalisée et figée" de l'association alors que le MRAX est devenu un lieu de polémiques stériles et de dissensions récurrentes entre les militants antiracistes.

La gestion du MRAX, unanimement dénoncée par le personnel dans ses courriers aux membres des 6 février et 16 mars 2006, s’est notamment traduite par le départ de plus de la moitié des employés et a conduit aux premières grèves de l’histoire de l’association. Ces départs ont des effets désastreux sur l’image du MRAX ainsi que des répercussions graves sur la continuité et l’efficacité de son action.

L’absence totale de transparence autour des positions controversées de plus en plus souvent prises par la direction actuelle pose problème pour nombre de membres, sympathisants et militants antiracistes.

Ainsi en est-il, entre autres exemples, du soutien répété par le MRAX, en la personne de son président, au pouvoir non démocratique marocain, causant ainsi un préjudice grave à la neutralité et à l’indépendance de l’association. Cette situation a d'ailleurs été clairement dénoncée par de nombreux démocrates belges et marocains (1).

Par ailleurs, des acteurs associatifs et politiques d’horizon divers peuvent attester du sabotage par le président du MRAX d’initiatives en faveur des migrants subsahariens particulièrement quand celles-ci sont susceptibles d’écorner l’image du pouvoir marocain (2).

Quelles que soient les analyses et les nuances apportées par les uns et les autres sur ces questions, il convient de constater que la légitimité de la présidence actuelle, du CA et de la direction du MRAX est sérieusement remise en cause. Cette situation à elle seule suffit à nous préoccuper au plus haut point.

Nous appelons donc les militants, les membres et les sympathisants du MRAX à prendre conscience et à réagir à ce déficit de crédibilité et à la dégradation sensible de l'image de l'association ainsi que du tort considérable qui nous est fait dans notre combat commun.

Nous en appelons enfin au conseil d’administration du MRAX afin qu’il prenne ses responsabilités, et qu’il tire les conclusions du fait qu’une partie importante du mouvement antiraciste le conteste, en présentant de manière honorable et constructive sa démission.



> Mateo ALALUF (professeur ULB, membre du MRAX),
> Mohamed ALLOUCHI (animateur et comédien),
> Nicolas ANCION (écrivain),
> Ali BAYAR (Professeur ULB),
> Guy BADOUX (Coordination SOS Migrants),
> Joëlle BAUMERDER (dir. Maison du Livre, membre du MRAX)
> Marie-Noëlle BEAUCHESNE (sociologue, membre du MRAX),
> Mustapha BENTALEB (militant associatif),
> Marie-Carmen BEX (membre du MRAX, commissaire aux comptes),
> Mathieu BIETLOT (chercheur ULB et membre du MRAX)
> Irma BOZZO (assistante sociale, ex-administratrice du MRAX)
> Isabelle CARLES (juriste, membre du MRAX),
> Karim CHERRADI (ex-employé, membre du MRAX),
> Souhail CHICHAH (chercheur ULB, membre du MRAX),
> Laure de HESSELLE (journaliste),
> Céline DELFORGE (Parlement bruxellois),
> Thierry DELFORGE (radio Air Libre),
> Stéphanie DEMOULIN (chercheuse psychologie sociale UCL),
> Anne-Marie DIEU (Chargée de recherche EGID - Etudes sur le genre et la diversité en gestion, HEC-ULG)
> Josy DUBIE (sénateur, membre du MRAX),
> Pierre ERGO (journaliste à l'Association européenne pour l'information sur le développement local),
> Fanny FILOSOF, membre du Colfen (collectif femmes en noir contre les centres fermés et les expulsions)
> Pascale FONTENEAU (écrivain),
> Laïla FOULON (coordinatrice artistique Zinneke Parade),
> Carole GRANDJEAN (ex-directrice, membre du MRAX),
> Pierre GALAND (sénateur),
> Marianne GRATIA (ex-employée, membre du MRAX),
> Bernard HENGCHEN (prof. à l'Institut Cardijn, administrateur du MRAX)
> David JAMAR (chercheur sociologie ULB),
> Richard KALISCZ (metteur en scène, professeur à l’INSAS et membre démissionnaire du MRAX),
> Shanan KHAIRI (historien, interne en médecine)
> Linda LEWKOWICZ (auteure),
> Henri LIEBERMANN (membre du MRAX),
> Arnaud LIEGEOIS (Chercheur psychologie sociale, UCL)
> Pierre LORQUET (auteur, membre du MRAX),
> Xavier LÖWENTHAL (éditeur, La Cinquième Couche éd.)
> Nicole MAYER (sociologue, membre du MRAX),
> Claude MERTENS (fonctionnaire),
> Aziz MKICHRI (S.O.S. Migrants),
> Anne MORELLI (historienne, membre du MRAX),
> Serge NOËL (écrivain, S.O.S. Migrants),
> Nouria OUALI (chercheuse ULB, membre du MRAX),
> Claire PAHAUT(Démocratie ou barbarie),
> Pierre-Arnaud PERROUTY (ex-employé, membre du MRAX),
> Julien PIERET (juriste, chercheur ULB)
> Marcel POZNANSKI (acteur associatif Matonge),
> Andrea REA (professeur ULB, membre du MRAX),
> Eric REMACLE (professeur ULB),
> Isabelle RORIVE (chargée de cours ULB, membre du MRAX),
> Sylvie SOMEN (dir. Théâtre Varia),
> Jean-Philippe SCHREIBER (prof ULB, membre du MRAX),
> Isabelle STENGERS (philosophe, prof. à l'ULB)
> Lise THIRY (professeure émérite ULB),
> Cedric TOLLEY(chercheur ULB, membre du MRAX),
> Marie Van KEIRSBILCK (ex-employée, membre du MRAX)




(1) Voir notamment ci-dessous la lettre ouverte adressée aux membres et sympathisants du MRAX par N. Ouali et S. Chichah, chercheurs à l’ULB.
(2) Voir notamment ci-dessous les témoignages de membres fondateurs du collectif S.O.S. Ben Younech.